Aya de Yopougon – Marguerite Abouet et Clément Oubrerie.

Je ne le dirai jamais assez, vive la médiathèque qui permet de sortir des sentiers battus et de faire de jolies découvertes! C’est le cas avec la série des 6 tomes de bande dessinée « Aya de Yopougon », écrite par Marguerite Abouet et illustrée par Clément Oubrerie.

Cette série se passe en Côte d’Ivoire à la fin des années 70 à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan. On y découvre la vie d’Aya, une jeune fille de dix-huit ans, sur une période d’environ deux ans. Aya est une jeune fille sérieuse, qui souhaite devenir médecin, tandis que ses deux meilleures amies, Bintou et Adjoua, sont plus fêtardes et délurées, et adeptes de la « série C », « Couture, Coiffure et Chasse au Mari ». Autour des trois jeunes femmes gravitent famille, amis et relations, eux-mêmes impliqués dans de nombreuses intrigues secondaires.

J’ai adoré cette série! Graphiquement, c’est un vrai bonheur, les personnages sont très expressifs, et les couleurs sont chatoyantes, on plonge avec délice avec Aya et ses amies dans la vie du quartier, que ce soit à la boite de nuit , le « ça va chauffer », ou encore à « l’hôtel aux mille étoiles », la place du marché où les amants se donnent rendez-vous le soir.

La langue est également savoureuse, avec tout un tas d’expressions locales – par exemple, Aya est une « go stylée » (une belle nana qui a la classe), il y a d’ailleurs un lexique à la fin de chaque tome, ainsi que des recettes de cuisine, des anecdotes de la vie de Marguerite Abouet, qui est née en Côte d’Ivoire et y a vécu ses douze premières années avant de partir en France, mais aussi des topos sur des faits marquants de la culture ivoirienne des années 70, comme par exemple l’émission musicale « Super Star Station ».

On suit Aya et ses amies, ainsi que les nombreux personnages secondaires, dans leurs petits bonheurs comme dans les coups durs. Drague, études, élection de Miss Yopougon, mais aussi des thèmes plus graves comme le harcèlement sexuel que subit Aya de la part d’un de ses professeurs…La BD évoque également l’homosexualité, l’immigration (une histoire secondaire se passe à Paris) , le « deuxième bureau » ( la maîtresse et les enfants illégitimes), les mariages arrangés, la tradition pour certaines familles pauvres des villages de « vendre » un enfant à un parent plus riche de la ville...avec un regard souvent tendre et empathique pour ses personnages. 

« Aya » est une série qui fait du bien, elle est rafraîchissante sans être superficielle, divertissante tout en traitant des sujets de société, et surtout elle est vraiment évocatrice : j’ai eu l’impression de me balader à Yopougon avec les personnages de l’histoire, j’ai été emportée par la langue et les expressions locales…Bravo à Marguerite Abouet et Clément Oubrerie pour avoir créé cet univers qui reste intéressant et attachant tout au long des 6 tomes!

A noter que les deux premiers tomes d' »Aya de Yopougon » ont été adaptés en film d’animation en 2013.

Publié en 6 tomes ou en Intégrale (2 tomes) chez Gallimard. Les albums existent également en poche chez Folio

17 commentaires sur “Aya de Yopougon – Marguerite Abouet et Clément Oubrerie.

    1. oui j’ai effectivement pensé à la sitcom en lisant cette série de BD, avec la multitude de personnages, et toutes les intrigues secondaires…Dommage que le mot sitcom ait une connotation péjorative, car je l’aurais bien employé dans mon billet!

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