« D’acier » est le premier roman de Silvia Avallone, qu’elle a écrit à l’âge de 26 ans. Il est à l’affiche de l’épisode de Mai 2018 de notre podcast littéraire « Bibliomaniacs » pour une spéciale italienne : que lire après Elena Ferrante?
« D’acier » se passe dans une petite ville industrielle d’Italie, où quasiment tout le monde travaille pour l’aciérie locale, Lucchini. Anna et Francesca, qui ont treize ans toutes les deux, sont très amies depuis l’enfance, mais aussi voisines car elles habitent dans le même ensemble d’immeubles. Les deux amies sont de très jolies filles et espèrent bien que leur beauté sera un tremplin pour sortir de leur quartier. Le roman nous raconte leur amitié, mais aussi la vie du quartier…
« D’Acier » rappelle évidemment « L’Amie Prodigieuse » : une amitié entre deux filles d’un quartier pauvre – avec ses histoires d’amour, ses histoires de famille, mais aussi ses magouilles… La ressemblance s’arrête là, mais les deux romans sont complémentaires : là où Elena Ferrante disséquait, analysait, creusait au niveau psychologique, Silvia Avallone décrit, avec beaucoup de talent. La première scène est saisissante : on découvre les deux jeunes filles chahutant sur la plage à travers les jumelles d’un homme qui les observe de son balcon. Et elle donne le ton de ce roman, très visuel, avec ses corps, mais aussi ses lieux – la plage, l’immeuble sinistre, l’usine, la boite de strip-tease… et aussi ses regards: Anna et Francesca nous sont décrites, mais nous les voyons également à travers les yeux des autres, que ce soit un père ambigu, une camarade jalouse ou une handicapée qui vit par procuration.
L’univers des deux filles n’est pas rose : elles grandissent dans des familles dysfonctionnelles, avec comme horizon être mère à seize ans, ou aller travailler à la fameuse usine. Pendant tout le roman, j’ai d’ailleurs dû faire un effort pour me rappeler qu’elles n’ont que treize ans, car elles sont décrites – et agissent – comme des jeunes femmes. Pourtant, malgré tout, il y a quelque chose de lumineux dans ce roman, cette amitié, d’abord, mais aussi l’espoir qui subsiste.
Alors, certes, il y a quelques maladresses, notamment une scène de drame qui n’est pas très bien décrite – même en relisant le passage concerné j’ai eu du mal à comprendre ce qu’il s’était produit – et un événement qui ne m’a pas semblé très crédible compte tenu de l’âge de la protagoniste, mais la plume de Silvia Avallone est néanmoins talentueuse, et il y a beaucoup de bonnes idées dans ce roman.
Cette émission de Bibliomaniacs s’appelle « Après Ferrante », mais « D’acier » pourrait plutôt s’illustrer dans « l’avant Ferrante » : un livre plus court que la foisonnante saga en quatre tomes, plus accessible aussi…une bonne introduction pour qui s’intéresserait à la littérature italienne mais sans pour autant se lancer directement dans des milliers de pages.
« D’Acier » de Silvia Avallone est un très bon premier roman, très visuel, parfait pour lire cet été!
Publié en 2011 chez Liana Levi, traduit par Françoise Brun, disponible en poche chez J’ai Lu, 410 pages.
J’adore la littérature italienne, il faut que j’écoute ce numéro !
Et d’Avallone, je n’ai lu que son dernier, La vie parfaite : il vaut vraiment la peine !
bonne écoute 🙂
je lirai très certainement ce dernier opus!
L’Italie ne m’attire décidément pas .. et j’ai un tel mauvais souvenir de Ferrante que je n’ai pas envie d’y retourner. Mais il y a de nombreux premiers romans prometteurs cette année !
même si les sujets sont proches, les romans sont quand même assez différents, je pense que celui-ci te plairait plus
J’avais beaucoup aimé ! je viens d’acheter son dernier, j’ai hate !
c’était le premier que je lisais, et ça me donne bien envie de lire les deux autres!