J’ai découvert « Un mariage anglais » de Claire Fuller à une rencontre avec Philippe Claudel organisée par Stock, où Raphaelle Liebaert, directrice de la collection de littérature étrangère, « La Cosmopolite », en avait dit le plus grand bien.
En 2004, Gil Coleman, universitaire et écrivain reconnu, croit voir dans la rue sa femme Ingrid, qui a pourtant disparu il y a près de douze ans en allant se baigner. Son corps n’ayant jamais été retrouvé, on ne sait pas si elle est décédée ou si elle a quitté le domicile conjugal et leurs deux filles qui avaient à l’époque dix et quinze ans. En voulant poursuivre celle dont il pense qu’elle est son épouse, l’homme fait une mauvaise chute. Ses deux filles, désormais jeunes adultes, accourent à son chevet.
L’histoire de Gil et Ingrid nous est racontée à travers les lettres écrites par celle-ci à son mari en 1992 durant les jours précédant sa disparition, et qu’elle avait cachées dans les livres de la bibliothèque familiale.
Ingrid est une toute jeune étudiante pleine de projets lorsqu’elle rencontre Gil, un de ses professeurs à l’université, âgé d’une vingtaine d’années de plus qu’elle. Elle tombe très rapidement enceinte, et le couple se marie. Le doyen de l’université, en apprenant la nouvelle, empêche Ingrid de terminer son année et donc d’obtenir son diplôme. La jeune femme vit avec son époux dans une maison isolée où celui-ci se consacre à l’écriture. Sans travail, elle est coincée à la maison avec leurs enfants, dépendante de Gil, et se rend bientôt compte que celui-ci est un coureur de jupons qui ne fait pas preuve de beaucoup de délicatesse pour cacher ses frasques…
La construction d' »Un mariage anglais » est assez intéressante : le thème de ce roman n’est pas très original – ce n’est pas le première livre que je lis sur un couple dysfonctionnel et une épouse malheureuse et amère – mais le fait que l’histoire du couple soit racontée à travers les lettres adressées par Ingrid à Gil donne du piquant à ce récit.
Ce roman est bien écrit, bien maîtrisé, et l’auteure réussit les allers-retours entre 1992 et 2004 sans lasser le lecteur, ou déséquilibrer le récit. J’ai lu ce livre avec plaisir, ma lecture étant portée par le suspense qui règne sur la disparition d’Ingrid...pourquoi a-t-elle décidé de quitter mari et enfants? et que lui est-il arrivé : est-elle décédée ou toujours vivante?
« Un mariage anglais » est typiquement le genre de livre que l’on apprécie de lire sur la plage pendant les vacances et je pense vraiment qu’il plaira beaucoup à celles et ceux qui aiment les héroïnes meurtries par la vie, les histoires de couple, et les romans épistolaires. J’ai apprécié ma lecture, mais je ne suis pas non plus enthousiaste, déjà parce que le roman ne m’a pas surprise par son originalité. Le portrait de l’épouse effacée derrière un mari écrivain et distant m’a fait penser à « Jeux de Mains » de Ruth Rendell, un roman qui lui est vraiment original, et où les livres servent également de fil conducteur à une enquête, celles que deux filles mènent pour reconstituer le passé de leur père, un écrivain à succès aux origines mystérieuses. Et puis malheureusement j’ai eu du mal à m’attacher au personnage d’Ingrid: si j’ai eu de la peine pour elle pour cette vie qu’elle subit, ses quinze ans de passivité m’ont tout autant agacée que l’issue brutale finalement choisie, aux dépends de ses deux petites filles.
Je n’ai donc pas été totalement convaincue par « Un mariage anglais » de Claire Fuller…j’étais ce matin à une présentation des coups de coeur de l’été à la librairie « La Suite » de Versailles, où Lucile, la libraire a mis en avant « Les inséparables » de Julie Cohen, qui lui aussi évoque l’histoire d’un couple, avec une construction originale, peut-être que ce roman me conviendra plus…
Publié en Mai 2018 chez Stock, traduit par Mathilde Bach, 448 pages.
Une quatrième participation au Mois Anglais 2018.
Bon, ça démarrait plutôt bien… Mais en fin de compte, tu n’es pas d’un enthousiasme délirant…
oui je l’ai lu avec plaisir, mais ce n’est pas un roman qui m’aura marquée ou bouleversée
ah tout un livre a demi-teinte…deja le sujet n’est pas pour moi…alors je passe quoi….;)
je sais qu’il a beaucoup plu, mais je n’ai pas été totalement emballée…
Je note Jeux de mains de Ruth Rendell plutôt ^^ Merci !
mon préféré de Ruth Rendell avec « Le journal d’Asta »!