« Au Loin », roman d’Hernan Diaz, auteur présent au Festival America, est un livre que j’avais repéré dans le cadre du « Picabo River Book Club », et j’ai donc été ravie de pouvoir le découvrir dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire Rakuten.

Le livre s’ouvre sur une scène très forte : un homme d’un certain âge sort de la glace et rejoint l’équipage d’un bateau. Les autres hommes sont partagés entre ironie et respect envers cet homme mystérieux, appelé Hawk, sur lequel circulent de nombreuses histoires intrigantes. Celui-ci va leur raconter sa vie : ses parents, des paysans suédois, l’ont envoyé à l’adolescence aux Etats-Unis en compagnie de son frère Linus. Malheureusement, les deux frères ont été séparés lors d’une escale et Håkan (son vrai nom) n’a pas pris le bon bateau et s’est retrouvé par erreur à San Francisco au lieu de New York, la destination prévue. Håkan veut donc marcher vers l’Est, vers New York, en espérant y retrouver son frère…

« Au Loin » est une sorte d’odyssée, où Håkan est un Ulysse moderne cherchant non pas à retrouver son foyer et Pénélope, mais New York et son frère. Malheureusement, Håkan, qui ne parle pas Anglais et dont personne n’arrive vraiment à prononcer le prénom, d’où le surnom Hawk, va tourner en rond pendant des années dans l’Ouest américain en pleine ruée vers l’or, empêché de se rendre à New York par une série de rencontres et de péripéties plus ou moins violentes…

J’ai été conquise par la première scène, que j’ai trouvée saisissante. La plume d’Hernan Diaz est à la fois très belle et très évocatrice, et c’est vraiment le souffle de cette écriture, plus que l’histoire en elle-même, qui m’a portée jusqu’à la fin du roman. Håkan est un personnage attachant dans sa solitude, un jeune homme avec un objectif – aller vers l’Est pour retrouver son frère- qui va se heurter de plein fouet aux réalités de ce nouveau pays, parfois absurde, souvent violent, et voir ce but « au loin », agir comme un mirage, alléchant puis disparaissant.

« Au Loin » a des accents picaresques, même si le récit n’est pas raconté à la première personne. J’ai trouvé le livre très beau, mais j’avoue que cette succession de rencontres avec des personnages divers et variés – une famille écossaise, une mystérieuse femme qui le tient prisonnier, un scientifique… – et de situations parfois tirées par les cheveux ne m’a pas toujours convaincue, et que certains passages m’ont semblé un peu longs et ennuyeux.

« Au Loin » a été finaliste du Prix Pulitzer et il semble avoir été accueilli avec grand enthousiasme par les lecteurs. Quant à moi, si j’ai apprécié cette lecture, je n’ai pas non plus trouvé cette lecture extraordinaire : l’écriture est vraiment belle, l’idée de départ est bien trouvée, le personnage principal est attachant mais j’avoue que mon intérêt n’a pas été constant tout au long du récit et que je me suis parfois essoufflée dans ma lecture, surtout au milieu du roman. Même si mon avis est mitigé, je ne regrette cependant pas d’avoir lu ce roman et je suivrai avec intérêt la carrière d’Hernan Diaz.

Publié en Septembre 2018 aux éditions Delcourt, traduit par Christine Barbaste, 277 pages.

19e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018.

Livre lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire Rakuten : une sélection de Sylire.

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