Je lis Philip Roth depuis de nombreuses années et vous pouvez d’ailleurs retrouver Indignation ou encore Némésis sur le blog (et pas la dizaine d’autres car je les ai lus bien avant la création du blog) mais je n’avais pas encore lu « Un Homme ».
Avec mes comparses de Bibliomaniacs, nous avons enregistré il y a quelques jours notre émission de Juin avec David Foenkinos, et il a choisi de mettre à l’affiche ce livre.
Le récit commence avec un enterrement, celui du personnage principal, un homme âgé, en présence notamment de ses trois enfants – deux fils qui lui battaient froid et une fille dont il était très proche- d’une de ses trois ex-femmes et de son frère aîné.
« Un Homme » raconte la vie de cet homme, de son enfance dans une famille unie à sa mort, en passant par ses mariages, ses échecs, sa carrière professionnelle, ses maladies et ses opérations. J’ai souvent senti chez Philip Roth une nostalgie de l’enfance et de la quiétude du foyer familial, et on la retrouve dans « Un Homme » : il y a des passages très touchants sur la relation du personnage principal avec ses parents, sur sa complicité avec son frère, sur la confiance que lui accorde son père lorsqu’il effectue pour lui des tâches dans la bijouterie familiale …
L’homme dont il est ici question est finalement un homme assez banal dans ses réussites comme dans ses échecs : il commet certes des écarts, fait de mauvais choix mais il reste profondément humain et jamais je ne me suis sentie en position de jugement pendant ma lecture. Au fur et à mesure que sa vie se déroule, on sent les regrets poindre – notamment ceux d’avoir raté sa vie sentimentale et sa relation avec ses fils, comme s’il était resté à vie le fils de ses parents, sans avoir pu devenir le père de ses fils. Et puis la maladie et la déchéance physique qui gagnent du terrain, ainsi que la vieillesse. Il y a d’ailleurs une scène très forte et maligne dans ce roman – le protagoniste, désormais un vieil homme, admire une jeune femme qui court sur la plage et lui donne ses coordonnées en espérant qu’elle l’appelle – qui illustre bien la vieillesse et le décalage qu’il peut y avoir entre la personne que nous pensons toujours être et la perception qu’en ont les autres.
J’ai admiré la capacité de Philip Roth à écrire un livre aussi profond et riche en seulement 160 pages, sans que le traitement ne semble superficiel ou le sujet, survolé. Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, ce n’est pas forcément le livre que je vous conseille pour commencer, choisissez plutôt Némésis, mais « Un Homme » est un beau roman, empreint de mélancolie et de tristesse, à découvrir !
Publié chez Gallimard en 2007, traduit par Josée Kamoun, 160 pages, en poche chez Folio.
Retrouvez ce livre à l’affiche de notre podcast littéraire Bibliomaniacs de Juin 2019, avec David Foenkinos en guest star ici.
Ce livre est un de mes préférés de cet auteur, certes moins « romanesque « que les autres, mais très fort parce très « humain » et assez universel dans le constat sur le vieillissement.
oui, je trouve aussi…il n’y a pas vraiment de péripéties, mais c’est un texte sensible, pertinent et humain.
Je te rejoins complètement. Contrairement à Brigitte, ce n’est pas un de mes préférés (ma préférence va vers certains de ses titres plus denses) mais c’est un titre « d’une parfaite simplicité », comme je l’avais écrit dans mon billet à son propos. En peu de mots, avec justesse et sans pathos, il parvient à atteindre une profondeur qui touche le lecteur.
oui, un texte profond, et touchant, tout en restant concis.
Je note la piste de lecture ! 😀 Merci beaucoup pour cette chronique qui, j’espère, me fera faire une aussi belle découverte qu’elle le fut pour toi ! 🙂
j’espère que ce livre te plaira !
Je me suis félicitée de découvrir Roth avec ce roman qui porte vraiment la marque des grands écrivains… je poursuis désormais la découverte de son œuvre avec appétit.
son oeuvre est tellement riche, tu vas te régaler !