De retour de Norvège, il était temps que je vous parle de mes deux récentes lectures norvégiennes, en commençant tout d’abord par « Cent Ans » d’Herbjørg Wassmo, lu dans le cadre de notre podcast littéraire Bibliomaniacs.
Herbjørg (double de l’auteure) découvre que son arrière-grand-mère Sara Susanne est née cent ans avant elle, en 1842. Elle nous raconte l’histoire de cette ancêtre, ainsi que celle de sa grand-mère Elida, et de sa mère Hjørdis.
J’aime beaucoup les sagas familiales et les portraits de femmes et j’ai donc lu « Cent Ans » avec plaisir. Ce roman est foisonnant, en raison de ses (très) nombreux personnages, Sara Susanne et Elida ayant chacune un grand nombre d’enfants : la multiplicité des personnages et des situations fait qu’il y a toujours quelque chose que l’on va trouver plaisant ou intéressant… Le livre ne comportant pas d’arbre généalogique, il n’est d’ailleurs pas toujours facile de s’y retrouver! Le roman n’est pas composé de trois grandes parties distinctes, mais fait des allers-retours entre les trois histoires.
Sara Susanne est le personnage qui est le plus développé, celui que l’on rencontre le plus tôt – alors qu’elle n’est pas encore mariée- et que l’on va suivre le plus longtemps. On découvre donc son évolution psychologique, la relation qu’elle entretient avec son mari, des événements marquants de sa vie (notamment sa nuit de noces), son attirance pour un autre homme…c’est le personnage que j’ai préféré, elle est vraiment très bien décrite dans toute sa complexité, ses émotions, son intimité, elle est très bien incarnée, et il est donc facile de s’y attacher.
On découvre Elida, fille de Sara Susanne, alors qu’elle est déjà adulte et mère de famille nombreuse, lors d’un moment charnière de son existence. Son mari est malade et très diminué physiquement et doit se rendre à Christiania, l’ancien nom d’Oslo, pour se faire soigner. Elida veut l’accompagner mais tous leurs enfants ne pouvant pas venir avec eux, elle envisage donc de placer certains d’entre eux en nourrice. L’angle sous lequel elle est abordée est très intéressant, mais j’ai trouvé que l’histoire était trop délayée et que le personnage n’était pas assez développé. Le sujet aurait pu faire l’objet d’une excellente nouvelle plutôt que d’être incorporé dans ce livre, où l’épisode m’a semblé un peu fade par rapport au portrait de Sara Susanne.
Quant au dernier personnage, Hjørdis – fille d’Elida et mère d’Herbjørg -, on découvre via des échanges épistolaires la relation qu’elle entretient avec celui qui deviendra son mari. J’ai trouvé cette dernière histoire bancale, Hjørdis ne m’a pas semblé exister vraiment. C’est l’absente de ce livre, un personnage peu incarné, peu construit, une mère qui ne s’aperçoit pas qu’il y a un problème dans son foyer, que son mari – cet homme qui apparaissait comme gentil et amoureux dans ses lettres et qui se révèle froid et malsain en réalité – s’attaque à leur fille…On sent qu’Herbjørg veut utiliser cette histoire pour nous parler d’elle et du drame qu’elle a subi, mais elle ne l’aborde pas frontalement, elle tourne autour, ce qui crée une histoire floue, qui n’est pas centrée sur ce qui est vraiment important…
Si j’ai apprécié la lecture de « Cent Ans », j’ai quand même trouvé qu’il y avait un déséquilibre entre les trois histoires : la partie de Sara Susanne est très forte, celle d’Elida l’est beaucoup moins, et quant à celle d’Hjørdis, elle manque de substance même si l’on devine à demi-mot le drame dont veut nous parler l’auteure… J’ai néanmoins bien accroché à la plume d’Herbjørg Wassmo que j’ai d’ailleurs retrouvée peu de temps après avec « Le Livre de Dina » – une histoire qui a un lien avec « Cent Ans » puisqu’un des personnages de ce roman, le médecin Benjamin, est le fils de Dina…
Publié en 2011 chez Gaïa, traduit par Luce Hinsch, disponible en poche chez 10/18, 600 pages.
Retrouvez l’avis des Bibliomaniacs dans notre émission de Mai 2019 ici.
Je rejoins ton analyse, les chapitres concernant Hjørdis m’avaient paru superficiels, sans intérêt. L’auteure a d’ailleurs consacré intégralement un autre de ses romans au « secret » qu’elle laisse transparaître à travers ces pages sur Hjørdis, et qui mérite plus en effet que quelques allusions dans un récit dont il n’est pas le sujet, et auquel il n’apporte rien…
Sinon, j’avais beaucoup aimé le reste, peut-être un peu moins toutefois que Le livre de Dina, qui m’avait complètement emportée !
après ma lecture de « Cent ans » je me suis renseignée sur le fameux « secret » et j’ai effectivement vu que c’était une partie autobiographique et que l’auteure y avait consacré un livre…
Le Livre de Dina est en effet très accrocheur, j’en parlerai bientôt sur le blog 🙂
Celui là ne m’a vraiment pas marquée . Si tu reviens de Norvège et que tu as envie de rester dans cette ambiance scandinave, je te recommande chaudement « le roman de Bergen » de Gunnar Staalesen, une saga épatante , dont le héros est bien avant tout cette ville de 1900 à 2000 ( ce n’est pas un polar, je précise 😉
ah merci pour le conseil, j’ai passé d’excellentes vacances à Bergen!
Je me suis perdue dans tous ces prénoms néerlandais …..j’ai dû faire des fiches pour m’y retrouver. la honte pour moi ! Sans doute trop d’enfants mais le style est parfait, c est très bien écrit, les sentiments, les doutes, le courage des personnages m’ont touchée.
Leur vie sans confort aucun ėtait très dure…cela fait réfléchir.
norvégiens, plutôt que néerlandais 😉 mais oui, énormément de personnages en effet !