A l’Est d’Eden – John Steinbeck

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de roman de John Steinbeck – j’ai un vague souvenir de « La Perle » au collège, mais je n’avais pas ouvert de livre de cet auteur depuis ! C’est dans le cadre de l’enregistrement de l’émission d’Octobre de notre podcast littéraire Bibliomaniacs que j’ai eu l’occasion de découvrir une des ses œuvres les plus connues – et notamment via son adaptation au cinéma par Elia Kazan avec James Dean dans l’un des rôles principaux : « A l’Est d’Eden ».

« A l’Est d’Eden » est une saga familiale, ou plutôt une double saga familiale puisqu’on suit à la fois les aventures de la famille Hamilton, menée par le patriarche Samuel Hamilton, et celles de la famille Trask, qui se déroulent en grande partie en Californie, sur une période allant grosso modo de la Guerre de Sécession à la Première Guerre Mondiale. Cyrus Trask a un fils, Adam, avec sa première femme puis, après le suicide de celle-ci, un second fils, Charles. Après moult péripéties, la route des deux frères va croiser la route d’une jeune femme, Cathy Ames…

Ce roman ayant été publié en 1952, je m’attendais à un style un peu vieillot, à une histoire un peu datée. Que nenni ! J’ai été surprise par la modernité du style de Steinbeck et par la fluidité du récit. Si le titre et le nom de l’auteur avaient été cachés, j’aurais pu croire sans peine à un ouvrage publié récemment…

« A l’Est d’Eden » a donc très bien vieilli, peut-être parce qu’il s’appuie sur un thème finalement intemporel, celle de la rivalité entre frères, qui remonte à l’histoire d’Abel et Caïn, à laquelle le titre fait référence. Il y a beaucoup de rebondissements, donc on ne s’ennuie pas – même si le livre est dense et quand même un peu trop long à mon goût – et les personnages sont remarquablement incarnés. Steinback a créé un personnage de vraie méchante comme on en voit rarement en littérature, mais les autres personnages ne sont en rien manichéens, et donc finalement très humains et surprenants. Même les personnages secondaires, qui sont nombreux – notamment les enfants de Samuel Hamilton, par exemple – sont très travaillés, avec une mention spéciale pour le serviteur chinois, Lee, qui est un régal. Le foyer constitué d’Adam, Lee et les enfants m’a d’ailleurs fait sourire – d’autant plus que le récit se passe en Californie – car on pourrait presque dire qu’il est précurseur des Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin!

Pour un roman qui a près de soixante-dix ans, « A l’Est d’Eden » n’a donc rien de poussiéreux, et, malgré sa taille, reste très accessible. Cela a été une très agréable surprise, et un vrai plaisir de lecture, qui m’a donné envie de continuer à explorer l’oeuvre de Steinbeck, notamment avec « Les Raisins de la Colère ».

En poche au Livre de Poche, traduit par Jean-Claude Bonnardot, 631 pages.

Retrouvez ce livre à l’affiche de l’émission d’Octobre du podcast littéraire Bibliomaniacs ici.

10 commentaires sur “A l’Est d’Eden – John Steinbeck

  1. J’ai lu à l’Est d’Eden lorsque j’avais 20 ans…j’en ai 38 et j’en suis restée bouleversée. Le style est plaisant, on tourne les nombreuses pages à une vitesse incroyable et les personnages sont « creusés » de façon pertinente sur le plan de la psychologie.

    Pour moi c’est un chef d’oeuvre, un des bouquins qui m’a donné le goût inconditionnel pour la lecture.

    Je l’ai beaucoup offert…

    Cet auteur est effectivement intemporel

    1. merci Aurélie pour avoir laissé ce commentaire ! J’aime beaucoup ce que tu dis de ce roman…j’ai vraiment hâte de découvrir d’autres livres de l’auteur…

  2. Oui, le personnage de Lee…
    Je me rappelle avoir été très touché, lorsque j’avais lu pour la première fois A l’Est d’Eden, par la « quête » du sens d’une expression biblique, pour laquelle il mobilise de vieux « sages » de sa communauté, et ouvre ainsi sur des échanges inattendus…
    Plus récemment j’ai eu l’occasion de lire un Steinbeck au style très différent de ses autres oeuvres: La coupe d’or, le premier roman qu’il avait publié…
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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