Dans « Suzanne », que j’ai découvert l’an dernier dans le cadre du Prix ELLE, Frédéric Pommier évoque sa grand-mère, placée dans un EHPAD à l’âge de quatre-vingt-quinze ans. Le récit alterne entre son quotidien dans l’institution, et l’histoire de sa vie, année après année.
J’ai beaucoup aimé le concept de ce livre. Non, Suzanne n’a pas toujours été cette dame âgée, confinée dans sa chambre au rideau cassé, souvent pressée par le personnel, parfois rudoyée voire maltraitée. Elle a connu une vie active, faite de joies et de peines, entre son mari, ses enfants, et son activité professionnelle qu’elle a débutée sur le tard…
Suzanne est une femme attachante, avec son mantra « SQM » (« Sourire Quand Même ») mais sa vie, si elle m’a intéressée, est un peu trop classique pour m’avoir vraiment passionnée. J’ai été beaucoup plus accrochée par la partie actuelle du récit, parce qu’elle montre une Suzanne très vive, qui n’a pas la langue dans sa poche et ne manque pas d’humour.
Cette partie est une réflexion très fine sur notre relation aux personnes âgées, dans des établissements sous-staffés, au personnel pressurisé et manquant peut-être de formation adaptée, qui n’est pas en capacité de s’occuper des résidents d’une manière respectueuse et appropriée, alors que les enfants habitent souvent loin et ne sont pas forcément disponibles pour venir régulièrement s’occuper de leurs parents et vérifier les soins qui leur sont apportés.
Un beau portrait de femme, et un livre très accessible qui questionne le lecteur sur le traitement que notre société réserve aux personnes âgées, via l’identification à Suzanne et à sa famille.
Publié en Octobre 2018 chez Equateurs, 234 pages, en poche chez Pocket.