« Le Bruit des Avions » est le premier roman de Sophie Reungeot. Une jeune trentenaire, Audrey, est à la croisée des chemins, sur le plan personnel comme sur le plan professionnel. Elle se fait exploiter par une patronne tyrannique dans l’agence d’architecture intérieure dans laquelle elle travaille, et sa relation avec son petit ami ne lui convient plus. Le vendredi 13 Novembre 2015, elle est avec un copain au concert des Eagles of Death Metal, pris pour cible par des terroristes. Elle arrive à s’échapper indemne et est prise en charge par un chauffeur de taxi, Mehdi, qui s’arrête et lui permet de quitter les lieux du drame. A l’arrière du taxi se trouve Laura, une jeune femme de son âge, joueuse de poker professionnelle menant une vie solitaire, qui l’héberge chez sa mère. Une étrange amitié se noue entre les deux femmes dont les caractères sont pourtant opposés.
Il y a beaucoup de bonnes idées dans ce premier roman dont les victimes d’attentat sont le fil conducteur (le roman commence alors que l’attentat de la rue de Rennes vient d’être perpétré) : une amitié improbable qui flirte avec le road trip, ces chansons qui parsèment le récit et l’influence de David Bowie qui conduit Audrey jusqu’à Berlin, la personnalité de Laura, solitaire et farouche, au métier que l’on rencontre peu en littérature – il est rare de trouver une femme joueuse de poker professionnelle dans un roman…
L’autrice est elle-même rescapée du Bataclan, et elle a sans doute mis beaucoup d’elle-même dans le personnage d’Audrey. En tout cas, ses angoisses, ses doutes, son envie de tout envoyer balader et de recommencer à zéro, sa volonté d’affronter les secrets familiaux et de découvrir enfin ce qui se cache derrière le silence de sa mère, sont très bien rendus.
Pour autant, même si ce roman m’a touchée, mon avis est mitigé. J’ai en effet trouvé le récit mal maîtrisé : l’intrigue met beaucoup de temps à décoller et je me suis perdue dans les circonvolutions d’Audrey, dans les mots techniques du tournoi de poker de Laura (alors que paradoxalement je suis restée frustrée, j’aurais voulu en savoir plus sur le fonctionnement du tournoi, sur l’atmosphère), je n’ai pas vraiment été convaincue par les personnages secondaires… et l’histoire du secret de famille n’est pas amenée très subtilement, c’est cousu de fil blanc et je n’ai vraiment pas mis longtemps à comprendre quel allait être le résultat de l’enquête menée par les deux jeunes femmes…
Si certaines facettes du roman m’ont plu, je suis malheureusement restée sur ma faim… dommage.
Publié en Octobre 2020 chez HarperCollins France, 288 pages.
15e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.
Il ne me tentait malheureusement pas trop, je n’ai pas le courage de lire des romans sur les attentats (d’autant plus actuellement).
Peut-être que j’ai bien fait de passer mon chemin alors !
le sujet de l’attentat est en filigrane, mais je comprends effectivement que tu aies plutôt envie de te changer les idées dans la période actuelle !