La Maison des Hollandais – Ann Patchett

Je n’avais pas encore eu l’occasion de lire Ann Patchett, et c’est donc avec son nouveau roman, « La Maison des Hollandais », que je découvre cette autrice américaine.

Derrière cette magnifique couverture (une peinture qui appartient à l’autrice et qui a un lien avec un élément du roman), on découvre l’histoire d’un frère et d’une sœur, Danny et Maeve. Au début du récit, ils vivent dans une maison assez incroyable, surnommée La Maison des Hollandais, en compagnie de leur père, leur mère les ayant abandonnés quelques années auparavant pour partir en Inde. Leur père décide d’épouser en secondes noces Andréa, elle-même mère de deux petites filles. Danny et Maeve vont bien vite comprendre que c’est surtout la maison qui intéresse Andréa, et beaucoup moins ses habitants. Lorsque le père décède quelques années plus tard, Andréa hérite de la maison et les jette dehors.

L’histoire qui nous est racontée ici n’est pas ultra originale ou extraordinaire, et pourtant il y a quelque chose d’hypnotique dans ce livre, à l’image de la fameuse maison éponyme qui est en fait le véritable personnage principal. C’est un aimant pour les habitants, mais aussi pour les employées, même s’il a repoussé la mère des enfants.

Je me suis sentie bien dans ce roman, je me suis laissée guider par ce que proposait l’autrice, et j’ai vraiment apprécié ce fil conducteur incarné par la maison que l’on va suivre durant une quarantaine d’années. J’ai été également touchée par les personnages de Danny et Maeve, qui n’arriveront jamais à couper le cordon avec la maison, et par leur relation. La dimension psychologique est très riche, même si chacun construit sa vie, ils resteront toutes ces années ces deux orphelins qui doivent se serrer les coudes face à l’adversité, et Maeve, qui a sept ou huit ans de plus que Danny, va jouer le rôle d’une seconde maman. Tous deux sont très proches, partagent le même traumatisme et la même obsession, et pourtant ils ont des caractères différents, et aussi des zones d’ombre : Maeve a une vie privée très secrète, et Danny ne partage par les ambitions que sa sœur a pour lui, il a des rêves très différents, liés au parcours de leur père, et à leurs rêves brisés.

A part l’événement fondateur du récit, il n’y a pas vraiment de péripétie dans ce livre dense, et qui se lit pourtant tout seul: il y a peu d’éléments saillants, et le récit est très fluide, avec un côté ouaté, teinté de nostalgie. C’est vraiment un livre d’atmosphère, basé sur la relation frère-sœur et sur la richesse et la complexité des personnages, qu’ils soient principaux ou secondaire.

Un très beau roman qui me donne envie de découvrir le livre précédent d’Ann Patchett, « Oranges Amères ». 

Publié en Janvier 2021 chez Actes Sud, traduit par Hélène Frappat, 315 pages. 

Un roman à retrouver à l’affiche du 114e épisode de Bibliomaniacs ici.

9 commentaires sur “La Maison des Hollandais – Ann Patchett

  1. J’ai écouté les Bibliomaniacs cet après-midi et je suis sûre que je lirai ce roman. Je recommande aussi Orange amère à celles et ceux qui ont aimé La maison des hollandais.

  2. Je m’arrête , il est plus de minuit , il me reste 70 pages environ….je veux finir dans de bonnes conditions ce livre que je dévore depuis 24h 😉
    Un charme étrange et pénétrant !
    Toutefois, petite déception après le grand crescendo de la fin de la première partie, extraordinaire !! (on est vraiment quasiment dans le conte, les enfants, la marâtre !…) la suite m’a moins passionnée et les allers retours temporels m’ont un peu saoulée à la longue (procédé un peu artificiel dont trop d’auteurs abusent je trouve ) . L’auteur saura t’elle finir brillamment, je le saurai demain!! Et reviendrai peut-être ici. Bises chère Eva 🙂

  3. Eh bien oui, le virage final est remarquablement bien pris , donc je confirme, comme les Bibliomaniacs, que ce bouquin veut clairement la peine d’être lu ! Beaucoup de charme, de mélancolie, et un très beau angle d’observation, celui de l’amour immense entre un frère et une sœur liés par des épreuves hors du commun

  4. Ce roman a un charme fou, charme au sens étymologique car j’ai été envoûtée par l’atmosphère qui se dégage de cette lecture…Est-ce en raison de l’affection extrême qui lie les deux protagonistes ?…de la nostalgie et de la mélancolie qui y règnent ?… de la pudeur du narrateur qui ne s’appesantit pas sur la souffrance de chacun ?…de l’imaginaire du lecteur qui est sollicité pour  » voir  » les beautés de cette maison magique ?… Je ne sais le dire, mais toi, tu as une analyse très fine de ce roman et tu exprimes mieux que moi mon ressenti !
    J’ajouterai que les allers et retours entre les diverses époques ne m’ont absolument pas gênée car Ann Patchett donne chaque fois les indices nécessaires pour qu’ on se repère aussitôt dans le temps. Merci de m’avoir suggéré cette lecture !!

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