Après « Un Ciel Rouge, le Matin » et « La Neige Noire », cela faisait un certain temps que je n’avais pas lu Paul Lynch, mais son dernier roman, « Au-delà de la Mer » m’a fait de l’oeil.
Bien loin de l’Irlande de l’auteur, ce récit se déroule en Amérique du Sud. Une tempête est annoncée, mais Bolivar, un pêcheur, veut à tout prix prendre la mer, et, son coéquipier habituel étant absent, insiste pour qu’un adolescent nommé Hector l’accompagne. Malheureusement, les prévisions météorologiques étaient exactes, et tous deux se retrouvent aux prises avec une mer déchaînée, qui endommage leur bateau et les entraîne bien loin de la côte. Bolivar pense qu’ils vont être secourus rapidement, mais les jours passent, et personne n’arrive…
Ce roman ne ressemble pas à ceux de Paul Lynch que j’avais déjà lus : on est ici dans un huis-clos d’un genre particulier, puisqu’il se situe en extérieur. Bolivar et Hector ne se connaissent pas, ont des âges, des caractères différents et se retrouvent isolés, coupés de tout, perdus dans l’immensité de la mer, sans rien pour rythmer ou occuper leurs journées. Ils doivent donc gérer cette solitude à deux, s’apprivoiser, affronter les dangers, appréhender les variations d’espoir et de moral, alors que leur personnalité et leur façon de réagir sont complètement opposées.
J’ai beaucoup aimé ce roman âpre et étouffant, porté par une tension qui va crescendo, et un suspense latent: Hector et Bolivar seront-ils secourus? et d’où viendra le danger? de la météo, de la mer, du manque de nourriture, de la santé mentale et physique qui vacille? des regrets et du désespoir qui étouffent ou de l’autre qui pourrait perdre la raison?
Les changements d’ambiance, de rythme, sont parfaitement maîtrisés par l’auteur. Seul un passage – le début de la troisième partie – m’a déstabilisée, j’ai eu peur que le récit parte à la dérive (sans jeu de mots) mais finalement, à mon soulagement, cela n’a duré que quelques pages.
J’ai vraiment apprécié l’écriture de Paul Lynch, que j’ai trouvée très belle et évocatrice, tant pour les scènes d’action que pour les scènes d’introspection. Une excellente surprise !
Publié en Août 2021 chez Albin Michel, traduit par Marina Boraso, 240 pages.
Je me suis plus ennuyée que toi !
ah zut !