De Monica Sabolo, j’avais lu « Summer », un beau roman d’ambiance sur la disparition d’une jeune fille. « La Vie Clandestine » est un ouvrage très différent.
L’autrice, en mal d’inspiration, recherche un sujet marquant et efficace. À la faveur d’une émission de radio, elle décide d’écrire sur le meurtre de Georges Besse, PDG de Renault, par Nathalie Ménignon et Joëlle Aubron, du groupuscule Action Directe, en 1986.
L’enquête dans laquelle elle se lance, se plongeant dans les archives, rencontrant des membres de l’organisation terroriste, finit par faire écho – de manière subtile – à la face sombre de sa propre histoire, elle qui a découvert sur le tard que son père n’était pas son géniteur mais son beau-père, un homme aux activités professionnelles mystérieuses, un homme également incestueux, ce qui donne d’ailleurs une lumière différente à « Summer ».
Le lien entre les deux facettes de ce livre est ténu, j’ai eu l’impression que cette enquête journalistique était un moyen de ne pas écrire frontalement sur les abus, évoqués de manière très pudique. Et pourtant cela a fonctionné pour moi, le livre est fluide, maîtrisé – grâce à la plume de Monica Sabolo, à sa façon de faire revivre les années 70, 80, de décrire les anciens membres d’Action Directe qu’elle rencontre.
L’autrice est douée, car j’ai globalement apprécié ce livre alors que j’ai grincé des dents durant tout le récit – les terroristes d’Action Directe m’écœurent, je ne comprends pas leurs motivations, leurs choix de victimes (franchement, si on veut un monde plus juste, aller tuer le patron de Renault, vu le nombre de salopards en liberté…?) et 35 ans après, peu de recul, pas de regrets, de repentance … et l’autrice, qui est dans une démarche d’apaisement au niveau personnel, semble parfois avoir du mal à se positionner face à ceux que l’on considérerait presque comme des « petits vieux sympas » (ce que je penserais sans doute si c’était mes voisins et que j’ignorais leur passé)
Un livre paradoxal, qui oscille entre grâce et malaise.
Publié chez Gallimard en Août 2022, 320 pages.
J’ai noté « Summer » quant à celui dont tu parles-là, il ne me tente pas vraiment par le sujet abordé.
oui, c’est clivant…