Mara a toujours été intriguée par le tableau d’un peintre flamand accroché chez sa mère Antonia: « Le Sacrifice d’Abraham » de Govaert Flinck.
L’œuvre appartenait à Willibald, le grand-père maternel d’Antonia, juif et collectionneur d’art. C’est le seul objet de valeur qu’il a emporté avec lui, pliant la toile dans sa valise, lorsqu’il a quitté précipitamment l’Autriche annexée en 1938, pour un exil qui l’emmènera jusqu’au Brésil, comme son compatriote Stefan Zweig.
Que signifiait cette peinture pour lui ? Et qui était-il, cet ancêtre dont sa mère ne souhaite pas lui parler, et dont Mara ne sait quasiment rien à part ce qu’elle trouve à travers les quelques photos, lettres et archives qui subsistent?
Le livre est forcément intéressant, avec cette histoire familiale faite d’exil, de mystère, de silence, où chaque génération nait dans un pays différent. L’angle du tableau, trait d’union entre Willibald et Mara, mais aussi entre toutes les vies de l’ancêtre, est également très bien choisi.
Et pourtant il m’a manqué quelque chose pour vraiment apprécier cette lecture : Willibald semble insaisissable, et l’écriture de Gabriella Zalapi, assez froide et à l’os, le côté fragmenté du récit, m’ont tenue à distance, même si les passages sur le tableau m’ont beaucoup plu. J’ai eu parfois le sentiment de passer à côté de ce que proposait l’autrice, plasticienne qui s’inspire ici de sa propre histoire familiale.
Peinture, secrets de famille, seconde guerre mondiale – ce livre aurait dû être pour moi mais me laisse une impression mitigée.
Publié en Septembre 2022 chez Zoé, 155 pages.