En Ukraine, la guerre fait rage et l’ennemi s’installe. K, l’archiviste du titre, est la gardienne d’œuvres d’art mises à l’abri dans les sous-sol de la bibliothèque où elle travaille. Un jour, un homme portant chapeau qui représente l’Occupation, vient la trouver pour exercer sur elle un chantage auquel elle ne peut se soustraire : elle doit falsifier des œuvres majeures ou fondatrices de la culture ukrainienne, ainsi que des événements forts de son histoire. La mort dans l’âme, K. s’exécute, tout en résistant à sa manière. Mais à chaque fois qu’elle s’attaque à une de ces pierres angulaires, elle se retrouve projetée à l’origine des créations ou des moments historiques qu’elle doit dénaturer …
Alexandra Koszelyk avait déjà évoqué l’Ukraine, dont sa famille est originaire, dans son premier roman, sur la catastrophe de Tchernobyl. Sa plume élégante, sa dimension poétique, onirique et fantastique que j’avais tant appréciée dans « La Dixième Muse » rend ici hommage à ce pays dont on tente actuellement d’effacer l’histoire et la culture.
J’ai pensé en lisant ce livre aux Falsificateurs d’Antoine Bello, mais là où cette trilogie avait un côté jouissif, « L’Archiviste » est empreint de douleur mais aussi d’un souffle de résistance : ce récit bourré de références, dont on sait très exactement pourquoi Alexandra Koszelyk l’a écrit, nous emmène à la rencontre d’une culture dont j’ignorais à peu près tout – je connaissais seulement, de nom, Taras Chevtchenko.
Un beau livre, riche, sincère, et poignant, et un Prix Vleel amplement mérité !
Publié en Octobre 2022 aux Forges de Vulcain, 272 pages.
Encore un qui patiente dans ma PAL, d’ailleurs je l’entends s’énerver 🙂
Merci pour ce bel article.
alors si le livre s’énerve !