Des livres sur des familles juives touchées de plein fouet par la Seconde Guerre Mondiale et la Shoah, j’en ai lus à la pelle… et pourtant, « Sur la terre des vivants » de Déborah Levy-Bertherat a vraiment quelque chose en plus.
L’autrice retrace l’histoire de ses ancêtres juifs allemands, du côté paternel : ses arrière-grands-parents Friederike et Elkan Levy qui furent à la tête d’une maison de retraite et du cimetière juif du quartier Altona à Hambourg durant quarante ans, et leurs cinq enfants dont les trois grandes-tantes de Déborah : Senta, Edith et Irma.
Une histoire de soins et de mort, qui prendra toute son ampleur à Theresienstadt, où Irma, infirmière, sera déportee avec sa mère.
L’écriture de Déborah Levy-Bertherat est vraiment très belle, elle fait revivre pour nous ces personnes qu’elle n’a pas ou peu connues et leur donne toute leur incarnation tout en distillant un souffle romanesque, aux allures de conte – l’histoire de Pinocchio n’est jamais loin.
L’autrice fait de courtes apparitions dans le récit, pour raconter ses souvenirs des personnes évoquées, ses recherches, son rapport à l’Allemagne et à la langue ancestrale, toujours avec la bonne distance et avec des remarques justes et pertinentes.
Il y a quelque chose de très naturel, fluide, évident, dans ce livre où l’on apprend à aimer ces personnages solidement ancrés en Allemagne que le nazisme va tuer ou disperser aux quatre coins du monde, ces trois sœurs aux destins aussi douloureux qu’extraordinaires.
Je n’avais encore rien lu de cette autrice et c’est une très belle découverte.
Publié chez Rivages en Avril 2023, 384 pages.