Il était l’amant dans « Sous le soleil de mes cheveux blonds », le père de ses enfants puis mari trompé dans « L’homme que je ne devais pas aimer », il est désormais l’ex dans « Rendez-vous à la porte dorée ».
Anne l’a quitté pour Trévor, mais l’idylle tourne court : celui-ci est immature, d’une jalousie extrême, agressif, parfois violent. A la lecture du précédent opus, on avait d’ailleurs bien compris qu’il était une porte de sortie plus qu’une finalité…
Anne regrette amèrement Joachim, qui apparait avec le recul comme le grand amour de sa vie, avec qui elle a un lien inaltérable, et qu’elle retrouvera un jour quoi qu’il arrive. Seulement, la théorie se heurte à la pratique : Joachim a refait une nouvelle copine, et ne répond pas à ses messages et sollicitations… malgré cette image d’« Anne et Joachim », ce couple biblique, et donc mythique, ces deux destinés sur lesquels elle projette son histoire d’amour.
Anne sombre, elle boit trop, suçote des serviettes de bain, se coupe des réseaux sociaux, et retrouve du temps, et de la liberté : les amis se sont éloignés, les enfants ne sont plus en permanence avec elle… mais que faire de cette absence de contraintes?
Trévor était le catalyseur pour faire exploser une vie parfaite sur le papier mais pourtant étouffante. Or Anne et ses multiples alias est une femme qui se construit « malgré » : elle fait de brillantes études « malgré » un bébé, publie un livre « malgré » l’opposition de son conjoint, travaille « malgré » une vie de famille… la nature a horreur du vide et comment Anne peut-elle avancer sans obstacles? peut-être en reprenant la plume « malgré » un grand chagrin d’amour?
Un amant peut-il devenir un conjoint? ou reste-t-il à jamais un être fantasmé? Anne est sincère, jusqu’à la brutalité des mots, ne s’épargne rien, ne nous épargne rien, du matelas plein de sang au verre rempli d’urine – elle se met à nu, mais n’oublie jamais une pointe de dérision… ni sa clairvoyance, car elle nous parle toujours un peu de nous en parlant d’elle-même.
Publié en Mars 2024 chez Flammarion, 256 pages.