J’ai lu « Le Cimetière de la Mer» d’Aslak Nore comme j’aurais regardé une série télé.
L’histoire nous plonge au cœur d’une des familles les plus puissantes de Norvège, les Falck. Il y a deux branches, celle d’Oslo, dirigée par Olav, le patriarche richissime à la tête de l’entreprise et de la fondation SAGA, et celle de Bergen, autour de Hans, médecin humanitaire très médiatisé.
Lorsque Véra, la mère d’Olav, âgée de 95 ans, se suicide, sa petite-fille Sasha enquête pour en savoir plus sur cette romancière, en froid avec son fils depuis 1970, année où son manuscrit « Le cimetière de la mer » avait été censuré : que pouvait bien contenir ce livre, qui évoquait la Seconde Guerre Mondiale et le naufrage d’un navire qui avait coûté la vie au mari de Vera, tandis qu’elle-même et Olav bébé avaient survécu, pour susciter une telle panique, tant au niveau politique que familial? Et qu’est devenu le testament de la nonagénaire, introuvable depuis sa mort?
Ce roman norvégien est addictif : entre secrets de famille, période de la Seconde Guerre Mondiale en Norvège, géopolitique au Moyen-Orient, histoire des nombreux personnages, il y a toujours quelque chose qui se passe pour retenir l’attention du lecteur, avec d’ailleurs une rapidité assez incroyable dans les enchaînements de situations : on passe d’une scène de guerre au Moyen-Orient à de la plongée sous-marine en Norvège en seulement quelques jours…
J’ai quand même été déçue par la qualité de la plume– j’ai notamment trouvé que les parties sur le manuscrit de Vera n’étaient pas très bien écrites. Les secrets révélés dans ce premier tome sont aussi cousus de fil blanc, pour l’un, l’auteur nous livre tous les indices, pour l’autre je l’ai vu arriver à des kilomètres.
Il y a cependant une tension narrative et des retournements de situations (et de vestes) qui m’ont donné envie de découvrir la suite dans « Les héritiers de l’arctique ».
Publié en Février 2023 chez Le Bruit du Monde, traduit par Loup-Maëlle Besançon, 512 pages, en poche chez 10/18.