J’ai découvert Lucie Baratte avec son beau premier livre « Le Chien Noir ». « Roman de Ronce et d’Épine » est sublimé par une couverture incroyable, un vrai bijou, très représentatif du récit.
Je pensais que le livre était nommé ainsi car il allait piquer et gratter là où cela fait mal, ce n’est pas tout à fait faux mais c’est en fait l’histoire de jumelles, très différentes, Ronce et Épine, qui naissent dans un château où la mère enchaîne les fausses couches, s’épuisant en essayant d’avoir un jour un fils vivant, et où le père … est absent, passant la majorité de son temps à guerroyer et festoyer dehors. Heureusement que leur fidèle nourrice Cendrine est là pour s’intéresser aux filles et s’occuper d’elles.
Lucie Baratte s’empare des codes du conte pour nous parler de la condition féminine, dans toute son ampleur et ses contradictions : la maternité, le deuil périnatal, la vie à l’intérieur, le désir d’extérieur … le corps est parfois violenté, par la grossesse, par l’homme, par la putréfaction …
Et pourtant, ce récit parsemé de références littéraires n’est pas un conte classique : il joue avec les codes (le château, la forêt, la nourrice …) mais joue également avec le lecteur, qui peut être déstabilisé de ne pas y retrouver ce à quoi il s’attendait, comme une vraie morale, par exemple.
Lucie Baratte excelle à installer une ambiance intrigante, parfois inquiétante, à créer également toute une galerie de personnages féminins contrastés, avec la très belle écriture qui m’avait déjà beaucoup plu dans « Le Chien Noir ».
Publié en Août 2024 au Typhon, 202 pages.