Fidèle lectrice de la série publiée en collaboration entre 10/18 et Society, je me suis bien sûr précipitée sur ce nouveau tome, « La Disparue de la Réserve Blackfeet », qui nous emmène dans le Montana.
La jeune Amérindienne du titre, c’est Ashley Loring Heavyrunner, 20 ans, qui se volatilise en 2017, après s’être rendue à une soirée. Malgré l’acharnement de sa sœur et de sa mère, la lumière n’a jamais été faite sur cette affaire… comme le disent ses parentes, si l’enquête n’avait pas été si dysfonctionnelle, aujourd’hui, soit Ashley aurait été retrouvée, soit ses proches seraient en capacité de faire leur deuil… a-t-elle été tuée? Est-elle esclave d’un réseau de prostitution? A-t-elle disparu de son plein gré ?
Au-delà du cas d’Ashley, des milliers de femmes amérindiennes meurent chaque année, de mort violente ou louche, comme ces adolescentes que cite l’autrice Anaïs Renevier, dont la cause officielle du décès est « hypothermie » mais qui sont retrouvées couvertes de bleus ou de fractures.
Être une femme amérindienne dans une réserve, c’est avoir dix fois plus de risques de se faire tuer que la moyenne aux USA. Comme l’écrit l’autrice, une Amérindienne a plus de risques d’être violée ou tuée que d’aller à l’université. Les femmes sont victimes de la concentration de violence et d’addictions qu’est la réserve, mais aussi d’un désintérêt de la police, de la justice, des médias… et l’usine à gaz qui détermine si une affaire criminelle doit être traitée au niveau tribal, fédéral ou d’Etat n’aide pas à enquêter, élucider et punir.
Plus que le récit d’une affaire criminelle, le livre d’Anaïs Renevier est un ouvrage riche sur la condition (terrible) des femmes amérindiennes aux USA. Le livre s’arrête abruptement, sur la situation poignante dans laquelle se trouvent la mère et la sœur d’Ashley, qui espèrent savoir un jour ce qu’il lui est arrivé. Un ouvrage édifiant.
Publié en Octobre 2024 chez 10/18, 240 pages.
J’hésitais à lire cette série, je craignais le côté voyeuriste du true crime, mais visiblement, il a y aussi un arrière fond plus riche ! Je vais me lancer, je pense, après la lecture de La note américaine de David Grann, dont le sujet est proche.
j’ai adoré La Note Américaine !
Coucou ! Je n’ai encore jamais lu cette collection, mais je suis contente que le livre ne se contente pas de parler de cette personne disparue, mais plus globalement des oppressions dont sont victimes les Amérindiennes. De quoi me laisser tenter si je croise sa route 😉 Merci pour cette chronique !
avec plaisir !