J’ai découvert Aurélie Delahaye il y a quelques semaines, via le podcast « Le Chemin des Rêves » et la lecture de son récit autobiographique « Embrasser l’inconnu ». Je la retrouve avec son deuxième ouvrage, un roman, cette fois-ci : « Donne-moi la main Menino ».
On y fait la connaissance d’une dizaine de personnes qui vivent à Lisbonne : des Portugais comme Menino, un trentenaire un peu rêveur, son colocataire Nuno, agent immobilier, ou encore Rosa, jeune mère célibataire, mais aussi des Français qui ont élu domicile dans la capitale : Fanny, influenceuse, Viviane, pianiste, Pierre, homme d’affaires, ou Joséphine, thésarde qui s’installe dans la colocation de Menino et Nuno.
Lisbonne est une ville pleine de charme, ensoleillée, où le coût de la vie est bas par rapport à celui de beaucoup de métropoles européennes, notamment Paris : c’est donc une destination séduisante pour de nombreux étrangers, pour du tourisme voire même pour s’y installer, a fortiori avec le développement du télé-travail. Des décisions politiques ont entraîné un véritable essor immobilier : la fin de l’encadrement des loyers ou encore une loi qui permet d’accéder à la nationalité portugaise (et donc d’avoir un passeport Schengen) via un investissement immobilier. Mais cet essor a une face sombre : les propriétaires préfèrent vendre ou transformer leurs appartements en AirbNb plutôt que louer, les loyers explosent, et les Lisboetes n’arrivent plus à se loger dans le centre-ville. C’est ce qui arrive au Senhor Zé, une figure du quartier de Menino, qui subit un véritable harcèlement pour qu’il quitte son appartement… Menino et ses amis vont se mobiliser pour venir en aide au vieil homme…
Aurélie Delahaye, qui a vécu à Lisbonne, dresse un très beau portrait de cette ville menacée par la spéculation immobilière et le tourisme de masse. Il y a beaucoup d’humanité dans ce roman, beaucoup de tendresse également, on sent que l’autrice aime ses personnages – même chez le plus antipathique, tout n’est pas complètement négatif. Il y un côté « bons sentiments » mais justement, cela fait du bien de lire un roman engagé, où il y a foi en l’espèce humaine, où il y a de l’espoir, où la mobilisation et l’amitié sont valorisées.
Un beau roman qui explique très bien les dérives dont est victime Lisbonne, et l’impact sur sa population, tout en étant positif et chaleureux.
Merci Claire pour ce joli cadeau!
Publié en 2020 chez Anne Carrière, 240 pages, en poche chez Pocket.