Histoires – Marie-Hélène Lafon

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Après avoir découvert Marie-Hélène Lafon par ses romans « Joseph » et « L’Annonce », c’est avec un recueil de nouvelles que je la retrouve : « Histoires ». Comme je l’ai souvent écrit sur le blog, je ne suis pas une grande fan de nouvelles, mais j’apprécie particulièrement cette auteur, dont je ne rate aucune intervention à La Grande Librairie : une auteur qui fait toujours preuve d’humilité, mais qui a l’assurance de ceux qui maîtrisent parfaitement la langue, qui possède toujours le mot juste et n’hésite pas pour exprimer son idée à utiliser une des expressions locales qu’elle affectionne particulièrement.

« Histoires » est composé de nouvelles publiées dans deux précédents recueils, « Liturgie » et « Organes », et de nouvelles inédites. On y retrouve les thèmes de prédilection de Marie-Hélène Lafon, la ruralité, les petites gens, les relations humaines dans des espaces clos – la ferme, le village, le pensionnat, la famille. Il y est souvent question d’odeurs de corps et de l’importance de la propreté, que ce soit dans la première nouvelle qui a pour sujet la toilette du père, ou pour Alphonse le simple d’esprit ou pour la religieuse responsable de la surveillance de l’internat.
Marie-Hélène Lafon, avec ses mots précis et ses expressions idiomatiques arrive toujours parfaitement à créer des ambiances familières, des situations, des lieux que l’on peut imaginer facilement. Les histoires de villages, les relations familiales, les on-dits comme les non-dits, les habitudes, les relations conflictuelles, les poncifs, les enfants qui écoutent aux portes, les femmes qui discutent autour d’un café, les hommes qui partent à la chasse…J’ai adoré certaines nouvelles, celle sur la toilette du père (« Liturgie »), celle sur un homme atteint de problèmes mentaux (« Alphonse »), celle sur Jeanne, le professeur vieille fille qui cache bien des secrets, celle sur le suicide de Roland…La petite fille qui fait sa communion, les tranches de vie de l’internat, les enfants qui jouent avec la robe de mariée de leur mère, ou le rituel de la fratrie avec une tirelire sont également savoureux.
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Marie-Hélène Lafon
Mais comme d’habitude, je vais me plaindre que j’aimerais bien lire un jour un recueil où j’aime toutes les nouvelles.  Dans « Histoires », certaines m’ont laissée indifférente, et je les ai parcourues rapidement. Une m’a même énervée car elle partait d’une excellente idée – un jeune homme emmène sa petite amie en vacances sur les lieux de sa classe verte quand il était à l’école primaire- mais j’ai trouvé la fin très décevante, trop fabriquée à mon goût alors qu’une sorte de sincérité littéraire se dégage des textes les plus réussis de Marie-Hélène Lafon, tout comme ce qui se dégage d’elle : la première fois que je l’ai vue à la télévision, je me suis dit qu’elle ressemblait à une prof de lettres, et qu’elle était sans doute auvergnate…et bingo!
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Malgré ce bémol, ce recueil, « Histoires », est quand même d’une très bonne qualité, et les fans de Marie-Hélène Lafon, de son écriture et de son univers, devraient se régaler, comme moi, en le lisant. A noter le dernier texte où l’auteur parle de son rapport à l’écriture, et qui m’a donné envie de lire un autre livre de Marie-Hélène Lafon, « Chantiers », où elle évoque son parcours et son travail des mots et de la langue. Une professeur de lettres classiques auvergnate dont j’aurais été ravie d’être l’élève (même si ce n’est pas elle ma préférée – petit clin d’œil à une fidèle lectrice qui se reconnaîtra), et une auteur à découvrir si ce n’est pas encore fait!
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Publié le 8 octobre 2015 aux Editions Buchet-Chastel, 320 pages.
36e participation au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2015 organisé par Hérisson : 6e % atteint !

10 commentaires sur “Histoires – Marie-Hélène Lafon

  1. Ta mère lit ton blog ?
    Bon sinon, vous êtes plusieurs à être fan de cette romancière, j'ai décidé de la découvrir avec les Pays (car chez moi on est attaché au terme de paysans), les nouvelles ne sont pas mon format de prédilection, donc peu de chances que j'y passe, mais je ne savais pas que tu l'aimais autant, cette auteur.

  2. Une auteure que je dois découvrir… j'adore les nouvelles, ça tombe bien! Ou avec l'un de ses romans, aperçus à la bibliothèque… (oui, j'essaie de faire des économies :)).

  3. Bon alors, j'adore les nouvelles – ce genre ne cesse de me plaire de plus en plus (j'ai du mal avec les longueurs ou les redondances dans les romans) mais l'art est exigeant. Je comprends qu'on accroche moins à certaines nouvelles. Il y a deux recueils où j'ai adoré toutes les nouvelles mais tu les as déjà peut être lus : Des hommes en devenir de Bruce Machart et Là-haut vers le Nord de Boyden.

  4. @ Electra : ah non je ne les ai pas lus, merci pour les idées ! 🙂

    @ Laeti : en roman j'ai beaucoup aimé "Joseph"

    @ Noukette : moi je fais l'inverse je découvre d'abord par les romans et ensuite seulement je passe aux nouvelles ^^

    @ Galéa : comment tu as deviné? ^^

  5. Je me le suis offert pour mon anniversaire (on n'est jamais mieux servi que par soi-même). Ce sera l'occasion de découvrir l'auteure.

    PS : et je suis d'accord avec les références d'Electra, "Des hommes en devenir" est le meilleur recueil de nouvelle que j'ai jamais lu !

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