Serena – Ron Rash

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Il ne me manquait plus que « Serena » pour avoir lu tous les livres de Ron Rash…C’est maintenant chose faite, et après ma déception avec « Le Chant de la Tamassee » j’espérais bien que ce roman m’enthousiasmerait! Malheureusement, celui-ci aussi m’a laissé une impression mitigée…

Dans les années 30, George Pemberton, propriétaire d’une grande exploitation forestière, se marie avec Serena, qu’il vient de rencontrer à Boston. La jeune femme est peu commune : froide, déterminée, extrêmement intelligente, elle ne se cantonne pas à un rôle de femme au foyer comme l’époque le voudrait, mais accompagne son mari partout, prend les décisions, monte à cheval comme un homme, et n’hésite pas à se servir de son fusil.  Les problèmes commencent à la gare dès leur retour dans la ville de Pemberton, car une jeune fille enceinte de ses œuvres, Rachel, et son père l’attendent pour lui demander des comptes…
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Ron Rash

Quel personnage que cette Serena! C’est une héroïne qui, au début, ferait le bonheur des féministes. Elle ne s’en laisse pas compter, se considère comme l’égal de son mari, et tout semble possible pour elle : elle a de grandes idées pour l’exploitation forestière de Pemberton, envisage de partir s’installer au Brésil, et n’hésite pas à répondre vertement à ceux qui voudraient la cantonner à son rôle de femme. Pourtant, au fur et à mesure du récit, le vernis se craquelle : pour des raisons financières ou personnelles, tout adversaire de Serena ne fait pas long feu, éliminé froidement, mais jamais par la jeune femme, toujours par une autre personne. Un comportement psychopathe qui fait froid dans le dos… Mais le personnage de Serena est néanmoins flamboyant, un vrai personnage de méchante, en décalage avec son temps, assez rare en littérature. Dommage qu’avec l’adaptation cinématographique – que je n’ai pas vue – j’aie eu en tête le visage de Jennifer Lawrence tout au long du livre. Le couple qu’elle forme avec Pemberton est très intéressant, un couple moderne, égalitaire, où chacun – du moins au début – est solidaire de l’autre, deux personnes très similaires dans leur forme physique et dans leur mode de pensées qui se rencontrent et fusionnent, pour le meilleur mais surtout pour le pire – à la différence près que Pemberton, contrairement à sa femme, n’est pas totalement un vrai méchant.

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Le contexte historique et économique est très intéressant, nous sommes dans les années 30, donc juste après la crise de 29, et il y a très peu de travail. Dans l’exploitation forestière, où la tâche est dure et très dangereuse, les hommes font la queue pour être embauchés, attendant que ceux actuellement en poste soient tués ou mutilés afin de prendre leur place. Pourtant j’ai eu du mal à vraiment entrer dans le roman, à cause de nombreuses discussions politico-économiques sur l’achat et la revente des terres qui ne m’ont pas du tout intéressée, et d’un foisonnement de personnages secondaires qu’il m’était parfois difficile d’identifier. J’ai également trouvé le roman trop long, et – mais c’est aussi la faute de la quatrième de couverture – qu’il mettait trop de temps à vraiment démarrer. En effet, l’éditeur met en avant la haine de Serena pour le fils illégitime de Pemberton, conçu avec Rachel, haine bien réelle qui débouchera sur une course-poursuite haletante, mais qui n’est vraiment exprimée dans le livre que dans la toute dernière partie. Les trois premiers quarts de « Serena » semblent donc traîner en longueur tant que ce thème n’est pas évoqué, puisqu’on l’attend avec impatience.
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« Serena » a de belles qualités : une ambiance très sombre, des personnages bien campés – Serena est fascinante, Rachel est émouvante, le shérif incorruptible est admirable et le gentil Joël est attachant – il y a des scènes magnifiques, notamment celle où Pemberton est attaqué par un ours avec une description formidable, et celle où, blessé, il se traîne dans la prairie, mais j’ai eu du mal à finir ce livre, alors que j’adore l’auteur. L’épilogue ne m’a pas non plus convaincue, je l’ai trouvé téléphoné, alors que Ron Rash aurait pu terminer « Serena » quelques pages plus tôt sur une scène superbe.Je ne peux pas dire que « Serena » de Ron Rash soit un mauvais livre, il y a quand même beaucoup de choses qui m’ont plu dans ce roman, mais il souffre néanmoins de nombreux bémols qui m’ont irritée durant ma lecture. C’est dommage, porté par un tel personnage de méchante, le roman aurait pu être fabuleux, d’autant plus que l’auteur est vraiment talentueux. Je suis contente d’avoir désormais lu tous les romans de Ron Rash publiés en France, mais je suis un peu déçue de finir sur ce livre qui n’est pas son meilleur, même si je l’ai quand même préféré au « Chant de la Tamassee »

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Publié le 5 Janvier 2011 aux Editions du Masque, traduit par Béatrice Vierne, 380 pages, en poche au Livre de Poche.

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Autres romans de Ron Rash sur le blog : « Le Chant de la Tamassee », « Un Pied au Paradis », « Le Monde à l’Endroit », « Incandescences », « Une Terre d’Ombre ».

 

 

10 commentaires sur “Serena – Ron Rash

  1. J'ai beaucoup aimé le Chant de la Tamassee , j'avais oublié ta déception. Je n'ai pas lu Serena car j'ai vu le film et cela m'a passé l'envie de lire le livre et ton billet me conforte dans cette idée. Le personnage de Serena est effectivement très fort et dans le film c'est bien rendu mais après ..

  2. @ Tiphanie : je te le souhaite en tout cas 🙂

    @ Delphine : clairement pas le meilleur de Ron Rash…

    @ Valérie : je comprends que tu ne sois pas allée jusqu'au bout…

    @ Margotte : Ron Rash est un auteur qui a beaucoup de fans, et l'héroïne est atypique donc cela ne m'étonne pas qu'il ait pu plaire

    @ Marie-Claude : je pense que tu vas adorer Le Monde à l'Endroit!

    @ Léa : moi aussi je l'aime beaucoup, même si j'ai enchaîné deux déceptions

    @ Electra : du coup tu me redonnes envie de voir le film…:)

  3. Ton billet ressemble beaucoup au mien. Moi aussi, j'ai insisté à cause du résumé qui disait que "la mère et l'enfant devaient lutter pour leur survie". Je pense que j'aurais abandonné avant la fin sinon. Mais comme tu l'écris, ce n'est vraiment pas un mauvais livre.

  4. @ Jackie : les 4e de couverture me laissent souvent perplexe…et oui, ce n'est pas un mauvais livre, mais clairement pas un des meilleurs de Ron Rash à mes yeux…

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