Il était temps de s’intéresser à cette Rentrée Littéraire de Septembre 2016, et le premier roman que j’ai lu est un livre israélien : « Une Nuit, Markovitch » d’Ayelet Gundar-Goshen.
« Une Nuit, Markovitch » m’a fait penser à la tradition yiddish des contes du shtetl, pourtant le petit village où se passe la plus grande partie de l’intrigue n’est pas situé en Pologne, mais dans ce qui ne s’appelle pas encore Israël. L’histoire débute en 1939. Le séducteur local, Zeev Feinberg, bel homme charismatique à la moustache foisonnante, est surpris en train de folâtrer avec Rachel Mandelbaum la femme du boucher. Pour échapper à la vindicte du mari trompé, il s’embarque avec son meilleur ami Yaacov Markovitch pour l’Europe : leur mission, avec dix-huit autres jeunes hommes, est d’aller épouser là-bas vingt jeunes femmes juives afin qu’elles obtiennent un visa pour la Palestine et puissent ainsi fuir les persécutions nazies. La mission réussit, mais alors que tous les faux couples divorcent une fois arrivés en Palestine, Markovitch refuse catégoriquement d’accorder le divorce à Bella, la très belle femme dont il est tombé amoureux, au grand désespoir de celle-ci. Feinberg, quant à lui, une fois divorcé, épouse immédiatement Sonia, qui l’a attendu sur la rive pendant tout le temps qu’a duré la mission. « Une nuit, Markovitch » va suivre pendant vingt-cinq ans le destin de ces protagonistes, les Feinberg, les Markovitch et les Mandelbaum ainsi que leurs enfants.
Ayelet Gundar-Goshen a créé des personnages très attachants et hauts en couleurs, qu’elle met en scène de façon poétique. La majorité de l’histoire se passe dans le petit village, bien loin de l’agitation du monde, que ce soit la Seconde Guerre Mondiale, ou la guerre de 1948, même si ces drames ont quand même des répercussions sur la vie des personnages. Mais c’est surtout les relations amoureuses, officielles ou illégitimes, et les filiations, elles aussi officielles ou illégitimes, que nous raconte l’auteure : élever un enfant qui n’est pas le sien, savoir que l’on a un enfant qui est élevé par un autre… La plupart des histoires sont touchantes, chaque personnage connaissant sa part de malheurs, de dilemmes, de traumatismes. Il y a vraiment un côté « conte » qui sublime ce récit, avec de très beaux passages. Dommage cependant que le livre soit un peu long, j’aurais préféré qu’il s’arrête au moment où la nouvelle génération est encore petite, au lieu de s’attacher également à l’adolescence des enfants des protagonistes. La fin est également un peu brumeuse, et j’ai eu du mal à accrocher à cette dernière partie. Mais « Une Nuit, Markovitch » est un roman original, grave sous une apparence littéraire et poétique, qui évoque les sentiments humains les plus profonds.
« Une Nuit, Markovitch » d’Ayelet Gundar-Goshen est un premier roman qui se base sur la grande tradition yiddish à la Isaac Bashevis Singer tout en évoquant des thèmes universels : amour, amitié, filiation, guerre, mort… C’est un livre au charme particulier et désuet, écrit d’une belle plume poétique, qui se distingue de la production actuelle. Dommage que je n’aie pas accroché à la dernière partie, ce qui a un peu nui à mon plaisir de lecture, mais c’est un livre qui m’a étonnée et marquée. A découvrir.
Publié en Août 2016 aux Presses de la Cité, traduit par Laurence Sendrowicz, 480 pages.
1ere lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2016.
Pourquoi pas, alors. Une jolie couverture, en tout cas.
oui, elle est très belle et assez représentative du livre
Joli choix pour la rentrée mais tes bémols ont tendance à me refroidir ! le refus d’accorder le divorce me fait penser aussi à ce film israélien qui lui date de quelques années seulement. Bonne rentrée littéraire !
oui c’est « Le Procès de Viviane Amsalem » de et avec Ronit Elkabetz une actrice que j’aimais beaucoup.
Merci 🙂
C’est ça ! quel film !
oui à s’en taper la tête contre les murs!
Je crois sincèrement qu’il n’est pas pour moi celui-là.
pas trop ton genre, en effet…
Ce que tu en dis me tente bien, je le note.
j’espère qu’il te plaira !
Je passe mon tour. Déjà, le thème me dit moins ces temps-ci. Tes bémols enfoncent le clou. Au suivant!
si tu n’es pas motivée, oui, passe ton tour ! 🙂
une grosse déception; je me faisais une joie de découvrir une auteure israélienne, les critiques excellentes me l’ont fait télécharger immédiatement avec lecture dans la foulée. Je l’ai trouvé superficiel, avec des personnages caricaturaux. De plus, il manque vraiment de contexte, le « village » quel village? L’ « Europe » quelle Europe? L’Allemagne nazie? la Pologne envahie? la France? De la même façon l' »organisation’ ? laquelle?
L’absence de contexte détaillé ne m’a pas trop dérangée, c’est plutôt le fait que l’auteure n’a pas su s’arrêter à temps, et s’est lancée dans une dernière partie qui n’apportait rien au roman, à part l’alourdir