La double vie de Pete Townshend – Christophe Sainzelle

Pour moi qui biberonne du rock depuis ma plus tendre enfance (ah Nirvana, ah Marilyn Manson, ah Nick Cave, ah Rammstein, ah Metallica – mon concert de vendredi dernier!), il est toujours plaisant de lire un roman qui parle de musique et de passionnés de musique. « La double vie de Pete Townshend », premier roman de Christophe Sainzelle, est de ceux-là. Je n’écoute pas trop de rock des années 60 et 70, donc je n’ai jamais eu de CD des Who tournant en boucle à la maison – même si j’ai « My Generation » qui me trotte dans la tête depuis la lecture de ce roman ;), mais pas besoin d’être fan des Who pour comprendre la fascination du personnage principal pour ce groupe britannique.

David Barrette (un mélange de David Bowie et Syd Barrett?) mène une vie assez ordinaire à Château-Thierry. Un peu triste quand même. Sa mère n’est pas très aimante et passe son temps à le rabrouer entre deux dépressions et tentatives de suicide, le père est plus gentil mais n’est pas prompt à s’opposer à sa femme. David n’a pas beaucoup d’amis, a des vêtements tout sauf cools (ah ce blouson argenté de cosmonaute!), et ne fait pas une grande impression sur les filles de son âge. Alors, David s’imagine qu’il est le fils caché de Pete Townshend, le guitariste des Who, avec qui il partage un nez imposant, et qui, justement, était en tournée à Château-Thierry au moment de sa conception. Un jour, Pete ouvrira les bras à son fils caché, et la vie de David changera…

Voilà une chronique douce-amère de l’adolescence d’un jeune homme qui a du mal à trouver sa place. Comme un enfant qui pour s’évader de son quotidien difficile s’imagine qu’il a été adopté et que ses vrais parents sont un roi et une reine, David pense que son vrai père est une star du rock. L’explication du mal-être de la mère, une filiation plus glorieuse que son père mollasson, et aussi un espoir, un but dans cette vie tristounette. David est une sorte d’être élu, pas étonnant qu’il se sente en décalage à Château-Thiery.

Le ton est léger, mais on sent la tristesse derrière la fantaisie. Le bel enthousiasme de David pour les Who est communicatif et on s’attache facilement à cet adolescent monomaniaque et amoureux maladroit. La vie dans une petite ville de province dans les années 80 est bien rendue et le récit est bien mené jusqu’à la pirouette finale, assez drôle. Un premier roman qui plaira certainement aux fans de rock (même si connaître les Who n’est pas une obligation) mais qui parlera aussi aux amateurs de romans d’apprentissage et à tous ceux qui ont connu de grandes passions à l’adolescence. A noter pour les Lorrains que Christophe Sainzelle a adapté son roman en un mini-opéra  » Autour de la double vie de Pete Townshend » qui sera joué le 26 Octobre au LEM de Nancy!

Publié en Février 2017 aux éditions Territoires Témoins Editions, 185 pages.

32e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2017

4 commentaires sur “La double vie de Pete Townshend – Christophe Sainzelle

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