Cox ou la course du temps – Christoph Ransmayr

Je ne lis quasiment jamais de romans autrichiens, et je ne lis quasiment jamais de livres qui se passent en Chine, j’ai donc changé mes habitudes en lisant « Cox  ou la Course du Temps » de Christoph Ransmayr, auteur que je découvre avec ce livre. Le titre du roman – et sa très belle couverture – avait attiré ma curiosité, et puis je suis allée à la présentation des coups de cœur de la Rentrée Littéraire organisée par Lucile et Charles de la librairie La Suite, à Versailles, et cet ouvrage faisait partie de leurs favoris, une excellente raison de le lire.

 « Cox ou la course du temps » nous parle d’une commande, celle que l’empereur chinois Qianlong adresse au plus célèbre horloger d’Europe, Alistair Cox. Celui-ci quitte donc Londres avec ses trois assistants et entreprend un périlleux voyage en mer – nous sommes au XVIIIe siècle – pour se rendre en Chine. Il pense que l’empereur, comme bon nombre de ses riches clients, va vouloir une horloge6jouet parée de pierres précieuses, mais la demande de Qianlong est tout autre : celui-ci veut des horloges, mais pas pour indiquer l’heure. Il veut qu’elles expriment le temps de façon subjective. Le temps vu par un enfant, le temps ressenti par un condamné à mort…jusqu’à lui demander une horloge qui pourrait mettre la vie de Cox et de ses hommes en danger…Car qui d’autre que l’empereur chinois peut être le Maître du Temps?

Cox et ses assistants sont très loin de chez eux, dans un pays où ils ne connaissent pas les codes et les coutumes, où l’empereur est tout-puissant et peut condamner aux pires des tortures et à la mort, à la moindre contrariété. Cox est un homme brisé, qui se donne à corps perdu dans le travail. Sa petite fille, Abigail, qu’il adorait, est morte. Elle était le seul vrai lien entre Cox et son épouse, de trente ans sa cadette, et depuis son décès, Faye est devenue mutique et refuse tout contact avec lui.

Il y a de très belles choses dans « Cox ou la course du temps » qui, je pense, pourrait faire un magnifique film. La question philosophique de notre rapport au temps mêlée à l’art de l’horlogerie donne naissance à des idées d’horloges extrêmement inventives. Cox apparaît comme une sorte de magicien, avec une atmosphère presque gothique, car les meilleures idées viennent de la morbidité dans laquelle il est plongé depuis la mort de sa fille. L’environnement étrange, entre encouragements et menaces, dans lequel évoluent les artisans britanniques, est également très réussi. Ils ont droit à des faveurs qui seraient refusées à tout autre, l’empereur se comporte avec eux d’une façon non protocolaire, mais la menace plane : sont-ils vraiment en sécurité en Chine? Leur inventivité ne va-t-elle pas précipiter leur perte? La langue de Christoph Ransmayr est littéraire et habile, et elle est un véritable atout pour le livre, sachant à la fois conter des aventures historiques, et saisir un geste, un souffle, une subtilité.

Et pourtant, je n’ai pas été totalement convaincue par ce roman. Peut-être parce qu’il est très éloigné de ce que je lis habituellement? Un roman qui se passe au XVIIIe siècle, en Chine…me fait sortir des sentiers battus. Le livre est accessible, et, sans être court, n’est pas un pavé non plus, mais j’ai mis longtemps à le lire (longtemps pour moi = plus d’une semaine), j’ai parfois trouvé le récit poussif. Certes, cette semaine a été compliquée, notamment par des problèmes de transport,donc je n’avais peut-être pas la même concentration que d’habitude, mais j’ai eu du mal à fixer mon attention sur le récit, et à m’intéresser complètement à ce que proposait l’auteur. Je n’ai pas trouvé le roman ennuyeux, il s’y passe beaucoup de choses, l’histoire est intéressante, mais la lecture en a été paradoxalement laborieuse, et me laisse par conséquent une impression mitigée, et le sentiment de n’être pas totalement entrée dans ce roman.

Même si je n’ai pas été emportée par « Cox ou la course du temps » de Christoph Ransmayr, j’ai quand même envie de lire un autre roman de l’auteur autrichien. J’ai aimé son style, j’ai aimé sa capacité à créer des atmosphères, j’aime aimé son inventivité, et je me dis qu’un livre dont le thème serait plus proche de mes goûts habituels pourrait mieux me convenir. Avez-vous lu ce roman? Connaissez-vous l’auteur et pouvez-vous me conseiller un de ses ouvrages?

Publié en Août 2017 chez Albin Michel, traduit par Bernard Kreiss, 336 pages.

28e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.

14 commentaires sur “Cox ou la course du temps – Christoph Ransmayr

  1. Je suis contente de voir que globalement tu as apprécié ce roman. Comme toi, en le lisant je sortais clairement de mes habitudes.
    Je te rejoins sur le temps mis pour lire ce roman notamment parce qu’il est composé de longues phrases qui demandent concentration néanmoins j’ai aimé devoir prendre ce temps. Cela m’a permis de vraiment rentrer dans l’univers de conteur.

  2. Je n’avais pas du tout remarqué ce livre dans la rentrée littéraire mais ton résumé me donne très envie. Sans être complètement accro, j’aime beaucoup le monde de l’horlogerie (pas très original pour une suissesse ;-)) et la Chine, l’histoire, un peu de philo, tout me tente. Tes réserves m’inquiètent un peu mais je crois que je vais prendre le risque. Merci pour la découverte!

  3. L’histoire, l’époque – oui, je serais intéressée mais tes bémols (lecture « laborieuse ») me fait un peu douter … tu ne sembles pas non plus pouvoir dire exactement ce qui « a cloché » en attendant oui, cela ferait sans doute un superbe film 😉

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