« Dura Lex » de Bruce Desilva est un thriller que j’ai lu dans le cadre du Prix ELLE. Je découvrais l’auteur avec ce titre, mais c’est en fait le troisième tome d’une série ayant pour personnage principal un journaliste d’investigation, Liam Mulligan.
L’état de Rhode Island est en émoi car un tueur d’enfants, aujourd’hui âgé et gravement malade, devrait sortir prochainement de prison. Cette libération provoque la colère de Gloria Diggs : en effet, son fils Kwame Diggs aurait dû sortir de prison il y a douze ans, en vertu d’une loi qui indique qu’une personne condamnée en tant que mineur doit être libéré lorsqu’il atteint l’âge de vingt-et-un ans. Kwame Diggs, condamné à l’âge de quinze ans, aurait dû effectuer en tout et pour tout six ans de prison avant d’être libéré à sa majorité – bien que ce tueur en série ait été condamné pour avoir massacré à coups de couteau deux femmes et trois petites filles.
Mais le prisonnier a déjà dépassé de douze ans sa majorité et est toujours en prison car il a reçu des peines supplémentaires pour des délits commis derrière les barreaux : agression de gardiens, détention de drogue…Sa mère explique à un journaliste qu’elle est convaincue que Kwame – qu’elle pense innocent et victime de racisme – a été l’objet de machinations de la part du système pénitentiaire pour que sa peine soit allongée et qu’il ne sorte pas de prison. Le journaliste, Edward Mason, décide d’enquêter… en parallèle, son collègue Liam Mulligan qui avait permis d’identifier Kwame Diggs en comprenant que le tueur en série pouvait être un adolescent – ce qui est très inhabituel, tout comme le fait que le tueur en série soit noir, quasiment tous les tueurs en série étant blancs – s’inquiète, lui, du fait que le jeune homme puisse être prochainement libéré, et enquête lui aussi, mais pour découvrir si le tueur en série n’aurait pas commis d’autres meurtres, non élucidés, afin de pouvoir le faire maintenir en prison.
« Dura Lex » est un roman qui pose des questions très intéressantes. D’abord sur le système judiciaire américain avec un questionnement sur la pertinence de cette loi qui libère des prisonniers dès qu’ils ont atteint 21 ans, quelle que soit leur potentielle dangerosité et la nature de leurs crimes. Si Kwame Diggs avait été libéré comme prévu, ce tueur en série aurait effectué seulement six années de prison pour avoir tué sauvagement cinq personnes dont trois enfants. Mais aussi sur l’éthique : peut-on utiliser des moyens illégaux afin de protéger la population d’un psychopathe? faut-il dénoncer de tels agissements au risque de faire libérer une personne extrêmement dangereuse?
Les thèmes abordés m’ont passionnée, mais j’ai néanmoins trouvé que le rythme du roman était un peu lent, et que l’intrigue tournait parfois en rond. Ce n’est néanmoins pas très grave, et cela ne m’a pas empêchée d’apprécier ce livre. En revanche, j’ai été gênée par le fait que les personnages ne soient pas assez incarnés à mes yeux. J’ai vraiment trouvé qu’ils manquaient de profondeur et de substance, et je ne me suis pas du tout attachée à eux. Est-ce parce que ce livre est le troisième tome d’une série et que les personnages ont déjà été bien présentés et développés dans les tomes précédents? Les personnages du journaliste Mason et de l’avocate de Kwame Diggs, Félicia, m’ont également agacée : ils font leur possible pour réunir les éléments nécessaires à la libération du prisonnier…et semblent soudainement réaliser – au bout de 350 pages! – que cette personne est extrêmement dangereuse et pourrait récidiver !
« Dura Lex » de Bruce Desilva m’a donc laissé un avis mitigé : j’ai apprécié l’histoire et les questionnements générés par cette lecture, tout en regrettant que les personnages ne soient pas plus travaillés. Je lirais bien le premier livre de la série, « Pyromanie », pour vérifier si c’est également le cas dans le tome où les personnages sont présentés…
Publié en Septembre 2018 chez Actes Sud, traduit par Laure Manceau, 448 pages.
23e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018.
Je suis dans le flou : il y a deux tueurs en série?
oui, il y a deux affaires parallèles : un tueur âgé et blanc qui va être libéré en raison de son âge, et dont la libération est le déclencheur de l’enquête, et un tueur jeune et noir qui est l’objet du roman et des enquêtes.
Un rythme lent, ça me refroidit grandement !
j’ai du mal avec le rythme lent pour les polars !
Ce n’est pas avec ce titre que je vais avoir envie de me remettre en selle côté polars!
pas forcément une priorité…