Leni Zumas est une auteure américaine qui était présente au Festival America – mais que je n’ai pas eu l’occasion d’y rencontrer – et qui a déjà publié plusieurs livres aux USA, « Les Heures Rouges » étant le premier à être traduit en Français.
Dans un futur proche, aux Etats-Unis, l’avortement a été interdit et une loi limitant l’adoption et la PMA aux couples mariés va bientôt être passée. Le roman met en scène quatre femmes qui habitent dans une petite ville de l’Oregon : Roberta, professeur célibataire d’une quarantaine d’années qui tente une PMA de la dernière chance; Mattie, l’une de ses élèves au lycée, qui se retrouve enceinte ; Susan, mère au foyer de deux enfants, qui regrette d’avoir sacrifié ses études et sa carrière à sa vie de famille ; et enfin Gin, une guérisseuse qui vit dans les bois et qui vient en aide aux femmes.
J’ai eu un peu de mal à accrocher au début du roman, que j’ai trouvé assez poussif, mais j’ai fini par m’habituer et à prendre plaisir à cette lecture. Le futur décrit dans ce livre n’est en rien disruptif par rapport à 2019, je n’ai eu aucun mal à imaginer que de telles lois pourraient entrer en vigueur, que ce soit aux USA ou dans d’autres pays occidentaux. Leni Zumas nous présente des personnages assez banals et c’est toute la force de ce livre : nous montrer comment ces lois peuvent impacter des vies et des décisions banales.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Roberta, une femme cultivée, en opposition avec le gouvernement et qui n’hésite pas à le dire et à l’expliquer à ses élèves, qui éprouve un désir d’enfant irrépressible. Les personnages de Mattie et de Gin, cette femme qui vit en marge de la société, selon ses propres règles, m’ont également beaucoup plu. J’ai en revanche trouvé que le personnage de Susan manquait de profondeur, je pense que Leni Zumas a voulu impliquer dans le récit une femme qui ne trouve pas d’épanouissement dans la vie conjugale et la maternité, ce que je comprends, mais ce n’est pas la première fois que ce thème est traité en littérature, et je n’ai pas trouvé que Susan apportait quoi que ce soit de nouveau, ni qu’elle enrichissait le roman.
« Les Heures Rouges » de Leni Zumas est un roman accessible, porté par des personnages attachants, qui questionne fortement le lecteur : sur le désir d’enfant, sur la place de la femme dans la société, sur les lois qui souhaitent contrôler le droit de la femme à disposer de son corps… un livre dérangeant qui incite à la vigilance.
Publié en Août 2018 aux Presses de la Cité, traduit par Anne Rabinovitch, 408 pages.
35e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018.
Retrouvez l’avis du podcast littéraire Bibliomaniacs dans leur émission de Mars 2019 ici.
J’ai eu du mal avec le style du roman. Il ne m’a pas convaincue, tu l’as trouvé poussif au début, moi, je l’ai trouvé poussif tout le long.
ah zut, moi ça s’est débloqué au bout d’une quarantaine de pages…
Malgré tes réserves, je tenterai (mais en bibliothèque) 😉
Les réserves ne m’ont pas empêchée de l’apprécier !
Il y a eu beaucoup de réserves (il a été sélectionné pour le Women’s Prize l’an dernier) et le sujet ne m’intéressait pas trop (je venais de lire La servante écarlate d’Atwood qui rejoint le thème du corps de la femme)
même si tu as aimé, je pense passer mon chemin 🙂
il est plus que temps que je lise La Servante Ecarlate !