Après avoir beaucoup aimé « Révélée » de Renée Knight, j’ai souhaité découvrir le roman suivant de l’autrice britannique, « La Confidente ».
La confidente, ou plutôt la secrétaire, titre original du livre qui à mes yeux correspond mieux à l’histoire, c’est Christine Butcher. Jeune intérimaire, elle se fait remarquer par Mina Appleton, la fille du patron de l’entreprise dans laquelle elle effectue sa mission, une chaîne de supermarchés qui prône le commerce équitable: celle-ci l’engage pour qu’elle devienne l’assistante personnelle de son père, puis la sienne lorsqu’elle prend la tête de la société.
Christine, très admirative de sa patronne, se dévoue corps et âme à son travail, durant des années, jusqu’à en négliger sa famille : son mari la quitte, et les relations avec sa fille unique se distendent. Mais un jour, Mina, qui n’a pas la même éthique que son père concernant la relation avec ses fournisseurs, se retrouve au tribunal, accusée de parjure…
Renée Knight a su se renouveler complètement, « La Confidente » est en effet très différent de « Révélée ». C’est un thriller psychologique autour du duo formé par Mina et Christine. Les deux portraits sont très réussis, l’autrice prend son temps pour dépeindre ces deux femmes avec beaucoup de subtilité, en évitant de tomber dans l’écueil du manichéisme. La grande force du livre est de montrer à quel point le travail peut devenir une drogue: Christine a un emploi où elle est « au service » de quelqu’un, et être utile, voire indispensable, finit par devenir sa raison d’être, jusqu’à perdre discernement et sens des valeurs, et jusqu’à ce que plus rien d’autre ne compte, même son couple ou sa famille.
La fin m’a surprise, je l’ai trouvée un peu « too much« , je m’attendais à quelque chose de plus fin, de plus subtil. Cependant, ce roman a été une lecture très agréable, et Renée Knight est une autrice que je vais suivre attentivement.
Publié en Août 2020 chez Fleuve Noir, traduit par Séverine Quélet, 400 pages.