Plusieurs membres de la famille d’Helene Stapinski ont défrayé la chronique en tant que voleurs ou mafieux, dont son grand-père, qui a passé une partie de sa vie en prison. L’autrice n’a qu’une peur : que ses enfants deviennent eux aussi des délinquants. Celle qui est à l’origine de la branche américaine de la famille, mais aussi, d’après la rumeur familiale, de cet historique de criminalité, est l’arrière-arrière-grand-mère d’Helene Stapinski, Vita Gallitelli. En effet, cette femme est arrivée d’Italie avec ses deux fils à la fin du XIXe siècle, a priori après un meurtre qu’elle aurait commis avec son mari…
Helene Stapinski décide un jour d’en savoir plus sur cette femme et sur le fameux meurtre qui l’aurait poussée à fuir l’Italie pour s’installer aux Etats-Unis et se rend dans la région d’origine de sa famille, la Basilicate. Après un premier séjour infructueux, elle revient dix ans plus tard, beaucoup plus préparée, ce qui va lui permettre de découvrir un passé bien différente de la légende familiale, ce qu’elle raconte dans « Les Jours de Vita Gallitelli »…
J’adore les sagas familiales, les enquêtes, les recherches généalogiques : ce livre était donc parfait pour moi et j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. L’autrice n’a pas connu Vita, décédée en 1915, celle-ci était analphabète et n’a donc pas laissé derrière elle de journal intime, et ce sont par conséquent les archives de l’état-civil et les archives judiciaires qui vont parler à sa place, et révéler les éléments marquants de la vie de Vita, que l’autrice se charge de reconstituer dans des chapitres romancés.
Même si je trouve que l’autrice aurait pu être plus concise sur certains passages qui n’apportent pas grand chose à l’enquête, j’ai adoré ses descriptions de l’ambiance des petites villes du Mezzogiorno que l’on retrouve dans « Le Christ s’est arrêté à Eboli » de Carlo Levi, et qui, malgré une histoire culturelle très riche, étaient au XIXe siècle le berceau d’une extrême pauvreté et d’une émigration , notamment vers les Etats-Unis.
On y découvre des vies de misère, marquées par la faim, la maladie, la mortalité infantile très forte, la soumission des paysans au patron, qui ont d’ailleurs droit de cuissage sur leurs femmes, et notamment lors de la nuit de noces – un viol organisé où le patron prend la virginité de la nouvelle épouse, en offrant en « compensation » au mari un rôti d’agneau…
Je ne dévoilerai pas ce que découvre Helene Stapinski, mais se dessine une femme au fort caractère qui se sortira d’une situation très difficile d’une façon contraire aux bonnes mœurs de l’époque, par intérêt sans doute, par amour peut-être aussi (espérons-le), jusqu’à prendre un nouveau départ en émigrant aux Etats-Unis, ce qui ne l’empêchera pas de vivre des drames épouvantables dont un qui reste non élucidé à la fin du livre.
Une lecture passionnante et un très beau portrait de femme !
Publié en 2018 chez Globe, traduit par Pierre Szczeciner, 336 pages.
ah je le note ! celui-ci me tente bien
on a les mêmes goûts
oui je pense que ce livre peut tout à fait te plaire !