« Autobiographie de mon père » est un livre qui me tentait depuis très longtemps. J’avais envie de découvrir l’œuvre de Pierre Pachet et ce concept d’écrire la vie de son père à la première personne, 20 ans après la mort de ce dernier, me semblait très intéressant.
Le narrateur est donc Simkha Apatchevsky, né en 1895 dans une famille juive de Bessarabie, et qui, après un passage à Odessa, émigre avant la Première Guerre Mondiale en France pour y étudier- il deviendra ultérieurement médecin.
Je pensais tenir une valeur sûre … et cependant j’ai abandonné le livre, pourtant relativement court, à 60 pages de la fin. La préface de Yannick Haenel est superbe, l’écriture de Pierre Pachet est belle, élégante, mais il m’est difficile d’apprécier un livre où le narrateur n’est pas attachant. Or Simkha est froid, un peu terne… – et rien n’est vraiment fait pour qu’on s’y attache.
Tout m’a semblé en effet survolé dans ce livre alors que la première moitié du XXe siècle est quand même riche en événements (euphémisme) et que Simkha connaît l’exil, des changements de langue, de nom de famille, deux guerres, le nazisme … tout est expédié en quelques lignes, des anecdotes sont au même plan que des drames, il y a peu d’émotions, de sentiments, son meilleur ami n’a pas de nom, sa femme l’agace, ses enfants (dont Hélène, la mère de Colombe Schneck) le déçoivent.
Et puis, frustrée de n’avoir pas fini le livre (car c’est très rare chez moi), je l’ai repris et le charme a alors opéré : alors que l’esprit et le corps de Simkha se délitent, c’est là que j’ai obtenu l’originalité, l’émotion, les sentiments que j’espérais et qui me manquaient, comme si l’auteur était libéré de ses entraves, comme si enfin l’humanité et la proximité apparaissaient dans la défaillance.
Une lecture en demi-teintes, mais qui heureusement, s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé.
Disponible en poche aux éditions Autrement, 222 pages.
Bon, déjà que j’ai du mal à dégager du temps pour lire des titres qui me font plein de clins d’oeil d’impatience, je vais passer tranquillou !