Après le très beau « Ressac », j’avais envie de découvrir le nouveau livre de Diglee, « Atteindre l’aube ».
A la mort de sa grande-tante Georgie, dont elle était très proche, et qu’elle considérait comme un modèle – une femme restée célibataire, charismatique, cultivée, mystérieuse, originale – Diglee se penche sur la vie de son aïeule mais cette exploration familiale va l’emmener plus loin qu’elle ne l’aurait pensé.
Au-delà de Georgie, c’est toute une lignée de femmes que nous présente l’autrice, avec certains atavismes: des artistes, parfois connues, comme elle-même peut l’être. Des femmes qui, souvent, ont été liées à des hommes absents ou malsains, des pères ambigus. Des schémas semblent se répéter, de génération en génération…
Ce n’est pas vraiment une enquête, plutôt une réflexion que Diglee mène autour de la personne de Georgie, voire du « personnage » de Georgie car les découvertes de l’autrice la poussent à s’interroger sur les notions d’apparences, de faux-semblants autour de cette femme qui utilisait un pseudonyme, portait perruque, et réécrivait ou dissimulait des pans entiers de sa vie.
Cette déclaration d’amour à sa grande-tante, ce récit empreint de poésie et teinté de psychogénéalogie, est également une introspection, une analyse de Diglee, qui explore certaines facettes de sa vie à l’aune de ses découvertes, et notamment sa façon d’aimer.
Un double portrait de femmes très réussi, un très beau texte, intelligent, profond, qui fait réfléchir.
Publié en Mai 2023 chez La Ville Brûle, 208 pages.