Des dizaines de milliers de « Stolpersteine », des pavés qui commémorent des victimes du Nazisme, ont été scellés devant leur dernier domicile, dans plusieurs pays d’Europe. En Norvège, à Trondheim, l’un d’eux porte le nom de Hirsch Komissar, assassiné en Octobre 1942, l’arrière-grand-père de l’épouse de Simon Stranger.
L’auteur norvégien découvre un fait assez ahurissant : le fils de Hirsch, Gerson, s’est installé après la guerre, avec sa femme et ses filles, dans une villa… qui était durant la guerre le quartier général d’ Henry Oliver Rinnan, un collabo norvégien, recruté par la Gestapo, qui se servit de la maison pour torturer et tuer des Juifs et des Résistants!
Simon Stranger nous raconte dans « N’oubliez pas leurs noms » deux facettes de la Seconde Guerre Mondiale en Norvège, ainsi que leur héritage : l’histoire d’une famille juive dont le père a été exécuté au camp de Falstad, et celle d’un homme issu d’une famille nombreuse et modeste, moqué pour sa petite taille, qui va devenir l’un des pires bourreaux du pays.
J’avoue avoir très peu de connaissances sur la Norvège et sur ce qu’il s’y est passé durant la Seconde Guerre Mondiale, et ce livre était donc le bienvenu pour combler une partie de mes lacunes. L’angle choisi par l’auteur, celui de la maison, pour raconter à la fois l’histoire de sa belle-famille et celui d’un salaud notoire, est particulièrement original.
Je suis plus dubitative sur la forme : le sous-titre du livre est « Encyclopédie de la lumière et des ténèbres » (qui est le titre original en norvégien, très beau d’ailleurs) et Simon Stranger a en effet choisi de découper son récit en thèmes introduits par les lettres de l’alphabet (par exemple : A comme accusation, B comme bande…) – l’histoire n’est donc pas linéaire, on passe de la famille à Henry Oliver Rinnan, mais aussi d’une époque à l’autre, avec plusieurs narrations – à certains moments Simon Stranger est le narrateur, et il y a des passages où il s’adresse à Hirsch à la deuxième personne du singulier, à d’autres moments un narrateur omniscient raconte la vie de Rinnan… pour un résultat que j’ai trouvé parfois un peu confus.
Si le récit n’est pas toujours facile à suivre, cela ne le rend pas moins intéressant pour autant : « N’oubliez pas leurs noms » est un livre riche, avec une forte dimension historique, mais aussi un point de vue personnel, qui vaut vraiment la peine d’être lu !
Publié en Octobre 2021 chez Globe, traduit par Jean-Baptiste Coursaud, 336 pages.
la Norvège, l’époque tout m’intéresse même si le processus narratif me laisse pantoise …
du coup je le note pour un emprunt en librairie !
pour le processus narratif, c’est quitte ou double !
mais à part ça, je pense que ce livre a tout pour te plaire !